La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Critique

L’Ormindo

Musique vocale

Les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra accompagnent les jeunes solistes de l’Atelier lyrique dans un programme autour de Weill et Berio.

Publié le 10 avril 2007

Le Britannique Dan Jemmett met brillamment en scène l’opéra de Francesco
Cavalli, joyau méconnu du répertoire baroque.

Tombé dans un relatif oubli depuis sa création à Venise en 1644, L’Ormindo
de Francesco Cavalli renaît grâce aux talents conjugués de Dan Jemmett et de
Jérôme Correas. Le premier signe une mise en scène jubilatoire, réactualisant
intelligemment l’intrigue. La reine du Maroc devient une gardienne de phare et
ses deux prétendants des ouvriers en bâtiment. Au-delà de l’anecdotique des
téléphones portables et des bouteilles de soda, Dan Jemmett imprime une
modernité salutaire et insuffle une vitalité de tréteaux à cet univers lyrique.
Au c’ur d’un décor joliment maritime s’élèvent des jeux de lumières réalisés
avec beaucoup de soin par Arnaud Jung (belles poursuites et effets d’ombre
réussis). Le travail scénique dépoussière avec éclat un livret pourtant bien
improbable.

Une urgence théâtrale d’une rare fraîcheur

Dans la fosse, le chef Jérôme Correas rend lui aussi excitante et actuelle
cette oeuvre composée il y a 350 ans. Tout en restant proche du texte musical,
il instaure une urgence théâtrale d’une rare fraîcheur. Son ensemble Les
Paladins mérite tous les éloges, depuis le continuo riche et dynamique (guitare,
harpe, orgue?) jusqu’aux deux violons solos au grain sensuel. Ces instruments
anciens constituent un écrin idéal pour les chanteurs, qui forment dans
l’ensemble une distribution homogène. Dans le rôle de la reine, Stéphanie
Révidat possède un legato stylé et généreux, apte à charmer ses deux amoureux.
Ormindo (Thierry Grégoire) est un haute-contre d’une belle pureté d’émission,
tandis qu’Amida trouve en Romain Champion un ténor particulièrement touchant. Le
baryton Jacques Bona campe un roi solide et sincère. Mentionnons encore la
piquante servante Mirinda (Patricia Gonzalez) et le travesti drolatique Erice
(Jean-François Lombard). Si ces jeunes chanteurs manquent parfois d’ampleur et
d’homogénéité, ils font tous preuve d’authentiques qualités scéniques. Fruit
d’une préparation exigeante et d’un enthousiasme contagieux, l’engagement de
cette véritable « troupe » donne à l’ouvrage baroque tout son sens.

Antoine Pecqueur

 

L’Ormindo de Francesco Cavalli, mise en scène de Dan Jemmett, direction
musicale de Jérôme Correas. Le 27 avril à l’Opéra de Massy (91). Tél. 01 60 13
14 14. Les 3, 4 et 5 mai au Théâtre Silvia-Monfort. Tél. 01 56 08 33 88.
Spectacle vu à la Maison de la Musique de Nanterre.

A propos de l'événement


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