Roméo et Juliette
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Sur le thème de la relation à une mère peu aimante, Sébastien Thiéry imagine une farce insolente, burlesque et dérangeante. Jean-Michel Ribes met en scène cette fable drôle et émouvante avec l’auteur dans le rôle du personnage principal.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de mettre en scène ce texte ?
Jean-Michel Ribes : Cette pièce m’a touchée car elle est à la fois férocement drôle et extrêmement touchante. Cette férocité drolatique extrême peut se définir comme une espèce de métaphore masquée de la douleur née de l’indifférence d’une mère pour son fils. C’est donc une farce, mais une farce qui appuie sur un nerf, qui s’appuie sur un sentiment très fort de coupure d’amour, de privation d’amour. Et à partir de ce sujet tragique, la pièce pétrie d’humour déclenche le rire. L’humour véritable est toujours une traduction du désespoir, sinon ce n’est pas de l’humour, mais plutôt de la fantaisie sans saveur. Le texte me plaît aussi parce qu’il est totalement dénué de tout aspect psychologique et de tout pathos. Sébastien Thiéry, que je connais depuis longtemps, et dont j’ai mis en scène la première œuvre en 2006 – Sans Ascenseur -, prend dans cette pièce une immense liberté par rapport à ses douleurs et ses fantasmes. Il fait preuve d’une insolence incroyable, d’esprit autant que d’audace. Le texte est ainsi dérangeant et en même temps libérateur.
« Une farce qui appuie sur un nerf, qui s’appuie sur un sentiment très fort de coupure d’amour. »
Que raconte donc ce texte ?
J.-M. R. : L’histoire est très simple. Un homme rentre chez lui et s’aperçoit que son cœur ne bat plus. Il devrait être mort mais ne l’est pas : ni son ami vétérinaire ni sa femme ne comprennent vraiment ce qui se passe et personne ne peut l’aider. Seul un gourou africain semble bien connaître ce cas de figure, assez courant en Afrique, et lui dit que pour qu’il puisse le guérir, il a besoin de savoir et de voir exactement d’où il vient, non pas au sens géographique du terme, mais au sens littéral… (une photo suffirait). Ce point de départ enclenche un vrai délire et met à jour quelque chose de très émouvant autour de ce cœur qui ne bat plus, qui n’a sans doute pas été assez irrigué, et de cet autre coeur qui n’a jamais vraiment battu pour son fils. La pièce se déploie d’une manière totalement délirante au gré de divers rebondissements dignes de Feydeau. C’est d’une drôlerie irrésistible, car les stratagèmes employés par son ami, sa femme et lui pour arriver à fournir une photographie au gourou sont absolument insensés.
Qui sont les acteurs ?
J.-M. R. : Je tenais à ce que ce soit Sébastien Thiéry qui incarne Jean-Louis, le personnage principal, il est accompagné par Camille Rutherford, son épouse Valérie, Grégoire Bonnet, son ami Michel, Diouc Koma, le Marabout et Isabelle Sadoyan, la Mère, soit la source de tous les problèmes. Cela me plaît d’orchestrer avec eux cette farce dérangeante : dans mon théâtre, j’aime que le théâtre dérange, bouscule, transporte et transforme, qu’il emmène les gens dans des espaces et des terrains qu’ils n’imaginaient pas en arrivant.
Propos recueillis par Agnès Santi
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