« Amnesia », puissant et poignant conte par Sarah M
Sarah M. continue son exploration théâtrale [...]
Après un très remarqué Pépé Chat ou comment Dieu a disparu, la jeune et prometteuse Lisaboa Houbrechts rentre à la Comédie-Française, directement en salle Richelieu. Elle y monte la tragédie d’Euripide Médée, revisitée à sa manière.
Comment est né ce projet ?
Lisaboa Houbrechts : Eric Ruf m’a proposé de venir mettre en scène une pièce à la Comédie-Française. J’écrivais alors Pépé Chat, et il fallait donc que je m’oriente vers un texte déjà existant. Médée est une grande tragédie, archaïque, qui habite mon imaginaire, évoquant la féminité, la sexualité. J’ai vu différents spectacles de la Comédie-Française et j’ai trouvé en Sephora Pondi une parfaite Médée et en Suliane Brahim le Jason que je cherchais. Monter cette œuvre majeure dans ce panthéon du théâtre représente quelque chose de fort.
Pourquoi cette féminisation de Jason ?
L.B. : Parce que cela permet d’approfondir ce mythe, qui, même si cela peut paraître paradoxal, parle de douceur et d’amour. Si c’est une femme qui parle comme Jason le fait, cela renverse la misogynie du texte. Et on aura de la sympathie pour Jason, alors que d’habitude c’est l’inverse. De plus, selon moi, la violence est encore plus grande quand elle s’accomplit avec douceur.
Avez-vous opéré d’autres changements au texte original ?
L.B. : J’ai intégré des textes personnels dans la tragédie, changé des structures narratives. Par exemple, Bakary Sangaré jouera une nourrice-narrateur qui retrace l’histoire de Médée, et, comme un magicien, active par les mots la scénographie autour de lui. Médée est mue par un désir de devenir une déesse et doit pour cela sacrifier ce qui la connecte avec une vie humaine. Pour elle, tuer les enfants, c’est une libération.
Vous travaillez sur les parcours des personnages et en même temps, votre théâtre est tissé d’images et de rêves. Comment procédez-vous ?
L.B. : Il faut trouver l’équilibre entre les rêves et le contexte qui permet de les introduire. La langue d’Euripide, dans son étrangeté, permet de créer des images. La scénographie propose un grand espace contemplatif aux couleurs changeantes, dénué d’éléments concrets. La musique et les chants des comédiens apportent aussi une émotion primaire. Je pense par exemple à Serge Bagdassarian qui chante en arménien. Les rêves donnent la possibilité d’évoquer des états intérieurs. La Grèce antique proposait un théâtre abstrait, vu de loin, joué avec des masques, où l’histoire pouvait s’incarner dans un cri, celui de Médée, qui faisait venir les larmes aux spectateurs.
Propos recueillis par Eric Demey
à 14h ou 20h30. Tel : 01 44 58 15 15.
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