Le Prix Martin
Peter Stein met en scène à la demande de Luc [...]
Camille Boitel reprend ce spectacle de 2009, totalement intemporel, tant cet Immédiat n’existe que dans « l’ici et maintenant » d’une performance déglinguée à vous couper le souffle.
L’Immédiat fonctionne pourtant sur une virtuosité toute contenue, sans esbroufe, pliée à un quotidien tellement envahissant qu’il dicte ses contraintes au plus profond des corps. A moins que ce soit l’inverse, comme avec cet homme à la gravité contrariée, qui tente envers et contre tout de réadapter objets et espace à sa façon de vivre. L’homme penché n’est qu’un des énergumènes qui peuplent ce plateau et tentent d’exister dans un chaos savamment organisé par Camille Boitel. La multitude d’objets tout droit sortis d’un vide-grenier est un personnage essentiel au spectacle : ils construisent et déconstruisent l’évolution de chacun et éprouvent l’équilibre à chaque instant.
Comment exister dans un monde aussi précaire ?
Matelas, armoire défraîchie, table et chaise bancales, casserole, seau, balai… L’encombrement du plateau est à son comble et les stratégies développées pour exister à l’intérieur de ce monde de bric et de broc témoignent d’une lutte désespérée, mais toujours drôle. Les personnages sont parfois bruyamment affairés (on n’échappe pas au bonhomme dans le placard), ou carrément indolents. Quoi qu’il arrive dans ce monde en équilibre instable, alors même que tout menace de s’effondrer, Camille Boitel démontre l’incroyable plasticité du corps qui, d’état en état, réinvente des façons inédites d’être ensemble, absurdement et follement.
Nathalie Yokel
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