Lettre aux escrocs de l’Islamophobie qui font le jeu des racistes

Le 5 janvier 2015, deux jours avant de mourir dans l’attentat contre Charlie Hebdo, Charb mettait un point final à son essai, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Un livre dans lequel il partageait son inquiétude de voir la lutte contre le racisme confondue avec un combat pour la promotion d’une religion. D’abord paralysé par le choc de l’attentat, le metteur en scène Gérald Dumont est ensuite frappé par l’évidence du texte de Charb, qu’un ami lui fait lire. Il travaille alors sur le découpage pour en faire une lecture rythmée par des vidéos, des musiques de Lénine Renaud et des dessins de Charb. Le spectacle est joué en milieu scolaire et dans des centres sociaux, mais l’étape d’un accueil dans des salles de spectacles se révèle plus compliquée.

Censure sécuritaire ?

A Lille, il est déprogrammé de l’Antre 2 « par crainte de débordements », selon les mots de Xavier Vandendriessche, le président de l’Université Lille 2 à qui appartient la salle. Le spectacle se voit ensuite refusé par deux salles du festival off d’Avignon. Alors que Gérald Dumont invoque une censure sécuritaire (« C’est comme si Charb était tué deux fois »), les deux théâtres concernés soutiennent que le projet n’a pas été retenu pour des raisons purement artistiques, le dossier de présentation étant trop succinct. Après l’émoi suscité dans le milieu culturel, le directeur du Théâtre de l’Oulle, Laurent Rochut, conclut la polémique en décidant d’accueillir le spectacle pour 5 soirées événements qui coïncident avec les 25 ans de Charlie Hebdo. L’hommage à Charb sera ponctué de rencontres avec des personnalités pour parler laïcité, liberté d’expression et citoyenneté.

Isabelle Stibbe