La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Vivants et les morts

Les Vivants et les morts - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Marc Ginot Légende photo : « Julien Bouffier signe une adaptation exaltée du roman de Gérard Mordillat. »

Publié le 10 janvier 2009

S’appropriant certains codes des séries télévisées, Julien Bouffier segmente son adaptation scénique du roman de Gérard Mordillat en deux saisons et sept épisodes. Une valeureuse tentative de réinterroger les conventions de la représentation théâtrale qui ne parvient pas toujours à échapper à ses limites.

C’est à un véritable marathon théâtral que nous convie Julien Bouffier à l’occasion des versions intégrales — faisant se succéder saison 1 et saison 2 — des Vivants et les morts. Un marathon de plus de huit heures de spectacle durant lesquelles la double représentation conçue par le metteur en scène offre un large éventail de propositions et d’écritures scéniques. Cela au service d’une ambition plus qu’estimable : tenter d’ouvrir les portes du théâtre à ceux qui pensent qu’il n’est pas fait pour eux, aller à la rencontre de ce public à conquérir. Pour ce faire, le jeune metteur en scène reste fidèle aux préoccupations sociales qui nourrissent ses projets depuis plusieurs années. Poursuivant ses explorations sur le monde du travail, il adapte ainsi pour le théâtre Les Vivants et les morts, fresque de plus de 600 pages à travers laquelle l’écrivain et cinéaste Gérard Mordillat immerge ses lecteurs dans le quotidien d’une communauté ouvrière. Une communauté qui refuse de se soumettre à la fermeture définitive de son usine.
 
Vidéos, guitare électrique et lutte ouvrière                                               
 
« Les Vivants et les morts est un spectacle romanesque qui parle non seulement d’engagement, explique Julien Bouffier, de crise sociale, du monde du travail, mais aussi qui interroge la capacité du théâtre à être “ici et maintenant” tout en acceptant son rôle d’art populaire. » Cette volonté d’ouverture a conduit le metteur en scène à élaborer une représentation disparate. Une représentation qui — semblant vouloir à tout prix créer un rapport de proximité avec le public, dépasser les codes de la représentation traditionnelle — déploie une palette d’effets démesurément démonstratifs. Trop-plein de captations vidéo, de vibratos de guitare électrique, de coquetteries de mise en scène (les comédiens demandant au public de chanter, circulant dans la salle en enjambant les spectateurs)… Les — bonnes — intentions de Julien Bouffier prennent trop souvent le pas sur le théâtre lui-même. Davantage de mesure et de maturité auraient, c’est certain, fait de ce spectacle une belle réussite. Car, au-delà de ses passages en force, cette adaptation théâtrale des Vivants et les morts réinvestit avec beaucoup d’efficacité la matière politique et humaine du roman de Gérard Mordillat.
 
Manuel Piolat Soleymat


Les Vivants et les morts (saison 1 et 2), d’après le roman de Gérard Mordillat ; adaptation et mise en scène de Julien Bouffier. Le 16 janvier 2009 à 19h00 (saison 1), le 17 janvier à 14h30 (intégrale). L’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne, place de l’Agora, 91000 Evry. Réservations au 01 60 91 65 65. Spectacle vu en décembre 2008 au Théâtre des Treize Vents, à Montpellier.

Reprise le 24 janvier 2009 (intégrale) à L’Onde, Espace culturel de Vélizy-Villacoublay, rens 0134580335, le 13 février (saison 1) et le 14 février (saison 2) à L’Hippodrome, Scène nationale de Douai.

A propos de l'événement


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