Les Petites Rapporteuses de Pierre Dac, spectacle ludique et sympathique mis en scène par Léonie Pingeot

Elles sont, comme une femme se devait de l’être à l’époque, impeccablement mises, des talons au chignon. Choucroutées et laquées, jupe au genou et corsage ajusté, sourire appliqué et vocabulaire choisi : rien à voir avec les cagoles tatouées à lissage brésilien et indigence sémantique de la télévision actuelle. Lorsque le regard sur le monde se faisait par une seule lucarne, que l’ORTF corsetait les esprits et les mœurs, et que les militantes des années 70 n’avaient pas encore fait valdinguer bigoudis et soutiens-gorge dans les oubliettes de l’histoire, les femmes étaient de superbes potiches, et la France s’ennuyait depuis Lamartine ! Mais dans cet univers policé, quelques trous étaient régulièrement creusés par des vers malicieux, dont Pierre Dac, maître ès loufoquerie, inventeur du Schmilblick, du water pudding et du biglotron.

Roja Plis et Rouge Baiser

Léonie Pingeot a réuni les textes de Pierre Dac, que Julie Badoc (en alternance avec Kim Schwarck), Léa Dauvergne et Lisa Garcia interprètent avec une gouaille pince-sans-rire et une énergie décapante. Lorsque leurs lèvres fruitées évoquent la bitte d’amarrage ou autres réalités scabreuses, le rire fuse de manière un tantinet plus subtile que chez nos contemporains cathodiques à la grossièreté revendiquée. Didier Bailly (en alternance avec Daniel Glet) est au piano pour accompagner Jacqueline, Suzy et Catherine, dont les prénoms évoquent les présentatrices d’antan. Le rock’n’roll et Léo Ferré sont de la partie et offrent d’excellents intermèdes musicaux, où les comédiennes se transforment en crooneuses déjantées. L’ensemble compose un spectacle ludique et sympathique, fin et enjoué. Davantage brillantine que naphtaline, cet éloge de la télé idéale en Roja Plis et Rouge Baiser console de la téléréalité ripolinée au gloss à paillettes…

Catherine Robert