La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Jean-Pierre Bodin

Les Gravats

Les Gravats - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Fabrik’Théâtre
Jean-Pierre Bodin

Fabrik’Théâtre / Textes et mes Jean-Pierre Bodin, Jean-Louis Hourdin, Alexandrine Bisson, Clotilde Mollet et autres poètes

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Un spectacle sur les vieux ! Clotilde Mollet, Jean-Pierre Bodin et Jean-Louis Hourdin se lancent dans une valse cacochyme et fraternelle : une joyeuse leçon de vie en forme de cure de jouvence !

« On tient parce qu’on tient droit sur ses valeurs, en dignité et en tendresse. »

Pourquoi ce titre ?

Jean-Pierre Bodin : Au départ, nous voulions, avec Alexandrine Bisson, parler des vieillesses. Le collectif de réalisation s’est amusé à établir des listes de titres possibles (c’est d’ailleurs devenu une des saynètes du spectacle), et c’est celui-là qui a fait l’unanimité. ! Les gravats c’est ce et ceux qu’on laisse de côté, les rebus.

Ca va être gai…

J.-P. B. : Ca peut même aller jusqu’au burlesque, quand par exemple je désosse Jean-Louis Hourdin… Mais c’est aussi très tendre ! Nous traitons de toutes les vieillesses. A douze ans, on est vieux pour quelqu’un qui a huit ans ! Jean-Louis Hourdin dit souvent qu’à soixante-treize, il voit toujours le monde avec les yeux de ses dix-sept ans ! On a toujours envie de vivre, ça continue, ça avance. Nous ne jouons pas des personnages, mais des situations. Nous avons travaillé à partir d’un collectage, en mêlant nos écritures à celles des poètes. Le résultat est comme une traversée à travers des petits morceaux. Aujourd’hui, les gens vivent de plus en plus vieux. On entre en maison de retraite de plus en plus tard. Tout un marché économique se met en place et on ne parle plus des vieux mais des seniors. Mais sur la fin de vie, le sens de l’existence, rien n’a vraiment évolué : voyez le texte d’Aragon que dit Jean-Louis !

Quelle est l’histoire ?

J.-P. B. : Il n’y a pas une histoire : ce sont des histoires, plusieurs saynètes sans forcément de liens entre elles. Nous évoquons la maison de retraite, la solitude… Mais l’histoire que ça raconte, c’est notre histoire à tous, celle du temps qui passe et de comment on tient debout malgré le mal au dos. Nous rions de nous-mêmes, de nos défauts et nous en rions avec nos valeurs. Car c’est cela qui nous fait tenir debout : on tient parce qu’on tient droit sur ses valeurs, en dignité et en tendresse.

Lesquelles ?

J.-P. B. : Les valeurs du faire ensemble, la justice, la fraternité, le désir de regarder l’autre pour se regarder soi-même. C’est pour cela que nous avons voulu faire ce spectacle autant qu’à cause du scandale actuel où la société est incapable de subvenir à ses vieux. Quand on voit les conditions de vie dans les EHPAD ! Nous abordons aussi la question du droit à mourir, de la maladie, du bonheur, de la forme d’être debout. J’avais rencontré Henri Alleg quand j’avais adapté La Question. Je m’en souviens comme d’un jeune homme : c’est ça aussi qui tient debout, la tenue intellectuelle.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Les Gravats
du jeudi 12 juillet 2018 au mardi 24 juillet 2018
Avignon Off. Fabrik’Théâtre
10, route de Lyon, Avignon

à 11h ; relâche le 18 juillet. Tél. : 04 90 86 47 81.

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