Rajenka
Cirque, danse et bien sûr musique : Rajenka [...]
Quelques jours après l’ouverture de la COP21, David Lescot (artiste associé au Théâtre de la Ville) présente sa nouvelle création au Théâtre des Abbesses : Les Glaciers grondants*. Une fantaisie « théâtro-musico-circo-chorégrapho-climatique » qui passe par quelques hauts et certains bas.
Ils sont onze, sur le plateau, à participer à ce grand brassage théâtral. Cinq comédiens (Anne Benoît, Eric Caruso, Maxime Coggio, Marie Dompnier, Camille Roy), deux musiciens de jazz contemporain (Steve Argüelles, Benoît Delbecq), un auteur-comédien-metteur en scène (David Lescot), un chorégraphe-danseur (DeLaVallet Bidiefono), une danseuse (Ingrid Estarque) et un circassien-musicien-polytechnicien (Théo Touvet). Ensemble, lancés dans ce qui constitue un spectacle-enquête à vocations documentaire et humoristique, ils se répondent pour illustrer quelques perspectives ayant trait au changement climatique. Stratégie commerciale de greenwashing (ou d’écoblanchiment), déclarations de responsables politiques, argumentaires de militants écologistes ou de climatosceptiques : Les Glaciers grondants croise matière réelle (la représentation est susceptible d’évoluer d’un jour à l’autre, au gré de l’actualité et notamment des débats de la COP21) et récit fictionnel relatant l’histoire d’un écrivain sollicité par un journal pour écrire un article sur la conférence de Paris. Or cet auteur est loin d’être versé dans les choses de la climatologie. Il met donc à profit les douze mois qui le séparent de la date de rendu de son papier pour s’instruire sur le sujet.
Un patchwork multidisciplinaire
Ce sont ces douze mois d’enquête auxquels nous assistons. Douze mois ponctués de prises de position sur les questions météorologiques, mais aussi d’événements renvoyant à la vie privée et au passé du narrateur. Conçu comme un patchwork multidisciplinaire (numéros de roue Cyr, performances chorégraphiques, musicales…), le spectacle imaginé par David Lescot s’appuie sur une succession de contrastes et de frottements. Adresses directes faites au public versus scènes jouées. Recherches documentaires versus répertoire classique (via des extraits du Conte d’hiver de Shakespeare). Trivialité du quotidien versus compositions poétiques… Ces Glaciers Grondants déploient une large palette de panoramas sans vraiment réussir à « faire œuvre ». Bien sûr, en bon artisan de théâtre, David Lescot sait s’entourer. Les individualités talentueuses qu’il a réunies font naître quelques beaux moments (DeLaVallet Bidiefono, en Pape François, est hilarant). Mais cette représentation donne trop souvent l’impression d’être désarticulée. Comme privée d’un influx directeur, elle présente des suites de scènes qui ont du mal à s’agréger. A dépasser la somme d’idées pour donner corps à une globalité théâtrale.
* Texte paru aux Editions Actes Sud – Papiers en novembre 2015.
Manuel Piolat Soleymat
Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, 75018 Paris. Du 4 au 18 décembre 2015 à 20h30, le 6 décembre à 15h. Durée de la représentation : 2h05. Spectacle vu le 10 novembre 2015 à la Comédie de Caen – Théâtre d’Hérouville. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com
Egalement le 12 janvier 2016 à La Passerelle – Scène nationale de Gap, du 11 au 13 mai à la Comédie de Saint-Etienne.
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