La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2015 - Entretien Christian Esnay

Les Fourberies de Scapin

Les Fourberies de Scapin - Critique sortie Avignon / 2015 Avignon Le Pandora
Crédit photo : DR Légende : Le metteur en scène Christian Esnay.

Le Pandora / de Molière / mes Christian Esnay

Publié le 26 juin 2015 - N° 234

Applaudies par le public et la critique, Les Fourberiesde Scapin de Christian Esnay sont aujourd’hui reprises à Avignon. Au sein d’un espace nu, le metteur en scène de la Compagnie Les Géotrupes signe une version à la fois farcesque et contemporaine de la comédie. Un théâtre alerte, drôle et exigeant conçu dans un désir de partage avec les spectateurs.

Qu’est-ce qui a été, il y a deux ans, à l’origine de votre projet de mettre en scène Les Fourberies de Scapin ?

Christian Esnay : J’avais, depuis longtemps, envie de mettre en scène un Molière. Contrairement aux idées reçues, Les Fourberies ne s’adresse pas du tout aux enfants, ce n’est pas une farce, c’est une comédie en trois actes. Il n’y a rien de drôle dans ce texte. Ce sont les situations, les caractères et les stratégies de Scapin qui structurent le comique. Il s’agit, pour moi, d’un retour au théâtre de tréteaux. Sur scène, il n’y a que le texte et les costumes : tout passe par le jeu. Pas de décor, donc, mais un espace modulable à partir de la boîte à l’italienne. Et la volonté de faire entendre, dans une rythmique soutenue, le fond social, les revendications contre les mariages arrangés par les pères, la satire de la justice, l’ingéniosité du discours de Scapin et ses manipulations, sans oublier l’amour des deux jeunes couples.

Comment avez-vous adapté le spectacle pour cette reprise au Pandora ?

Ch. E. : Le Pandora est un cinéma transformé en théâtre le temps du festival, avec une structure métallique de scène de concert. Nous sommes donc partis de cette structure, qui sera mise à nu au début du spectacle puis, petit à petit, transformée en théâtre par Scapin pour y mettre en scène ses fourberies.

« Sur scène, il n’y a que le texte et les costumes : tout passe par le jeu. »

Treize ans après la création de votre compagnie, Les Géotrupes, quel regard portez-vous sur votre trajet de metteur en scène ?

Ch. E. : Je pense avoir épuré, à tous les niveaux, le travail au plateau. Je crois aussi que la préoccupation de faire comprendre l’œuvre prend, pour moi, de plus en plus d’importance. Ce qui implique, de la part des comédiens, un long temps d’apprentissage du texte, un grand travail de précision sur la diction et sur la rythmique. La volonté de produire, à la fois, un théâtre populaire et exigeant est à double tranchant. Ce n’est jamais gagné. On est constamment sur le fil.

Vous aller prochainement créer le deuxième épisode de votre intégrale des tragédies d’Euripide. Qu’est-ce qui vous lie à ce théâtre ?

Ch. E. : La puissance d’Euripide est impressionnante et méconnue. J’aimerais participer à mieux faire connaître cet auteur. Après les attentats de janvier, Euripide semble être au centre des questions qui ébranlent notre société : la démocratie, l’homme au pouvoir, la femme, la religion, les dieux, la guerre, la richesse, la pauvreté.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Les Fourberies de Scapin
du samedi 4 juillet 2015 au dimanche 26 juillet 2015
Le Pandora
3 Rue Pourquery Boisserin, 84000 Avignon, France

Avignon Off

à 18h. Tél. : 04 90 85 62 05.

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