Fantasia de Ruth Childs
Après avoir présenté The Goldfish and the [...]
Ancien danseur, Damien Manivel offre pour son très beau 4ème long métrage de nouvelles incarnations au solo Mother d’Isadora Duncan.
Dans un café, une jeune femme qu’interprète Agathe Bonitzer lit Ma vie, l’autobiographie d’Isadora Duncan. « Après la mort de mes deux enfants je passais mes jours et mes nuits dans le studio aux rideaux bleus. Dans mon chagrin, je pensais à composer une danse et je ne trouvais plus le courage de faire le moindre geste. Comme j’aurais aimé que ce terrible accident soit transformé en beauté. » énonce sa voix off. C’est finalement ce que la mythique chorégraphe réussissait en créant en 1923 Mother, sur une étude pour piano de Scriabine, dix ans après la tragique noyade de ses petits Deirdre et Patrick dans la Seine. Happée par ce récit, la jeune danseuse tente de faire revivre ce solo. Nous la suivons, jour après jour, entre lectures, déchiffrage de la partition Laban et recherches gestuelles. Puis ce sont une chorégraphe (Marika Rizzi) et son interprète trisomique (Manon Carpentier) qui s’emparent de l’œuvre duncanienne, à l’occasion d’un spectacle donné à Lannion, dont on entrevoit les répétions. Le soir de la représentation, c’est enfin une spectatrice bouleversée (Elsa Wolliaston) que Damien Manivel nous propose d’accompagner jusqu’à son domicile.
Entre documentaire et fiction poétique
Isadora Duncan est à l’honneur cet automne, puisque Jérôme Bel vient également de lui dédier un portrait. Mais là où le chorégraphe cherchait à faire revivre par l’intermédiaire de la sublime Elisabeth Schwartz la danseuse révolutionnaire, Damien Manivel lui, dans son film qui navigue entre documentaire et fiction poétique, se concentre sur l’émotion, la transmission. Filmant ses quatre actrices, toutes formidables, en plans serrés, insistant longuement et joliment sur leurs visages, leurs bras, leurs mains, il interroge la façon dont chacune d’entre elle incarne le geste duncanien.
Captant les regards que ses personnages posent sur les enfants jouant alentour, sur une photo, il interroge leur rapport à la maternité. Les enfants d’Isadora, dit aussi beaucoup de la danse en train de se construire, de se transmettre, de la façon dont elle résonne, dont chacun peut se l’approprier, et ceci même un siècle après une création. Ce faisant, dans les pas des fameuses isadorables, les élèves de la chorégraphe américaine, il donne de nouveaux enfants à Isadora Duncan, continuant lui aussi de « transformer ce terrible accident en beauté ».
Delphine Baffour
Sortie en salle le 20 novembre. 84 mn.
A noter que le film sera présenté au cinéma l’Arlequin le 20 novembre en présence de la Chorégraphe Elsa Wolliaston et du réalisateur Damien Manivel.
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