Les 20 ans du Jack Quartet

Quinze ans avant son opéra Koma, dont certaines séquences se déroulent dans l’obscurité, il avait écrit un quatuor qui serait joué dans le noir absolu. Avec un titre rappelant l’office des Ténèbres de la Semaine Sainte, In iij Noct, invite à une immersion où la pièce, tissée de gestes plus que de notes, ainsi que son tempo, s’adaptent à la manière dont chacun des solistes, au milieu de l’auditoire, se repère à la seule perception sonore de ce que font les autres. Deux semaines après cette quintessence de l’expérience auditive, le Jack Quartet présente un opéra de chambre pour quatuor à cordes que Natacha Diels a conçu pour et avec la formation américaine. Installation mêlant musique, textes, gestes, électronique et vidéo, Beautiful Trouble développe, au fil de cinq épisodes, des intrigues en forme de mises en abyme au carrefour de l’illusion fictionnelle ou onirique et du réalisme sensoriel de la performance. Aux confins du familier et de l’étrange, le spectacle s’amuse de l’omniprésence absurde des images dans notre monde actuel.

Gilles Charlassier