Leçon de piano de Benoit Delbecq

On l’a connu dans tout type de contextes, du solo au club parisien Silencio en hommage à son maître, le pianiste zen Mal Waldron, aux projets collectifs, dont HASK qui questionnait au début des années 1990 le rapport à l’improvisation, essentielle donnée chez lui. Une histoire de suspensions et de réitérations plus qu’une affaire d’affirmations, pour ce musicien qui s’est toujours placé au service de la musique, sans exclusive, mais avec un réel penchant pour l’oblique. Irrémédiablement inclassable, Benoit Delbecq est fondamentalement un amoureux du jazz, une bande-son qu’il entend comme la possibilité d’étendre toujours plus son jeu, s’épargnant les clichés de l’ego-trip. Dans ce champ hors limite, son phrasé sur les 88 touches en noire et ivoire est un modèle, patiemment poli au fil des années sans jamais avoir eu le mauvais goût d’en gommer les aspérités.

Jacques Denis