Au Sunside : Jean-Charles Acquaviva, Jesse Davis, Jorge Rossy, Walt Weiskopf…
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Le violoniste et compositeur helveto-indien Baiju Bhatt défend avec son groupe Red Sun un projet musical ambitieux plaçant au centre de sa recherche la quête d’identité et la volonté de faire chanter ensemble des mondes musicaux différents, en particulier le jazz et la musique indienne. Résultat : un nouvel album intitulé « Eastern Sonata », gorgé d’une musique solaire portée par l’alliage du groove et de subtils parfums romantiques.
Votre musique provoque une rencontre magnifique entre deux mondes…
Baiju Bhatt : J’ai plus ou moins grandi en Europe, je suis indien du côté de mon père, et suisse du côté de ma mère. La question de mon identité s’est posée assez rapidement, toujours avec le sentiment d’être à la fois à la maison et étranger en même temps, tant en Inde qu’en Suisse par exemple. On peut faire de ce questionnement, de cette instabilité, une grande force, qui permet de se redéfinir perpétuellement. Ma musique est tout simplement le prolongement de cette recherche. La rencontre s’impose donc tout naturellement, ce métissage est l’expression de mon Orient à moi, recomposé, fantasmé, et pétri d’influences multiples.
Pourquoi le violon s’impose-t-il comme l’instrument idéal pour créer cette jonction entre musique indienne et jazz, entre Orient et Occident ?
Baiju Bhatt : Le violon est l’instrument nomade par excellence. Sous des formes parfois diverses, on en joue du Rajasthan, d’où je suis originaire, jusqu’en Europe, en passant par le Moyen Orient, l’Europe de l’Est, et tout le pourtour de la Méditerranée. C’est un instrument intime, très proche de la voix humaine, à même de reproduire ses inflexions les plus subtiles. C’est aussi un instrument très présent dans les musiques traditionnelles, où l’improvisation règne, et dont je m’inspire beaucoup.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez proche – ou dans la continuité desquels vous vous situez – pour ce projet ?
Baiju Bhatt : Je me réfère souvent au Shakti de John McLaughlin et L. Shankar, qui restent des références assez absolues. J’adore les artistes qui font le lien entre les harmonies ultramodernes du jazz et des conceptions modales de la mélodie, qui lient musique savante et populaire. Tigran Hamasyan et Nguyên Lê sont au panthéon de mes héros de toujours. Mais je reste aussi un fan inconditionnel de Jean-Luc Ponty, Wayne Shorter, ou de Michael Brecker, dont on entendra inévitablement des influences dans ma musique. J’essaie également de proposer quelque chose de violonistique, qui mette en valeur la beauté de cet instrument, et en cela je me réfère aussi au monde du violon classique.
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
à 21h. Tel. 01 44 62 02 86. Places : 15 €.
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