La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Le Terabak de Kyiv

Le Terabak de Kyiv - Critique sortie Théâtre Paris Le Monfort
Stéphane Ricordel, codirecteur du Monfort et metteur en scène du Terabak de Kyiv. Crédit : Jeanne Roualet

Le Monfort / mise en scène Stéphane Ricordel

Publié le 22 novembre 2016 - N° 249

Un cabaret à la démesure de ses invités : Stéphane Ricordel retrouve l’univers musical et engagé des Dakh Daughters, avec une multitude d’invités croisant des générations de circassiens français et internationaux.

Quelle est cette histoire qui vous lie aux Dakh Daughters ?

Stéphane Ricordel : C’est une histoire qui dure avec les Dakh Daughters, mais aussi avec l’Ukraine. J’ai rencontré Vlad Troitsky, le directeur du Dakh Théâtre, il y a maintenant sept ans, et depuis je vais régulièrement en Ukraine où des relations se sont établies entre Vlad, le Dakh théâtre et ses comédiens, et moi. Nous avons notamment présenté plusieurs spectacles au Monfort. Dernièrement les DakhaBrakha, un autre groupe monté par Vlad, sont venus s’y produire. Je me souviens que les Dakh Daughters, qui étaient venues il y a plusieurs années avec Vlad, nous avaient parlé du groupe qu’elles venaient de former. Elles ont joué devant nous, et le soir même, nous leur avons demandé de faire leur concert au Monfort ! Notre histoire avec l’Ukraine est très forte, et nous y avons gardé des liens affectifs et professionnels. Même si nous n’avons pas pu continuer certains projets du fait de la révolution, les Dakh Daughters sont devenues aujourd’hui connues et reconnues. Quand je leur ai proposé de nous retrouver pour faire un cabaret, elles ont tout de suite répondu présentes.

« On sera dans la démesure. »

Qu’est-ce qui vous a séduit dans leur démarche ?

S. R. : Ce sont de très grandes comédiennes – car elles ne sont pas musiciennes, à la base, mais comédiennes ! –, et elles sont aussi danseuses, chanteuses. Elles ont une vision de la scène très forte qui leur donne une présence et un rapport au public extrêmement profonds.

On qualifie parfois leur démarche de punk, déploient-elles une forme de radicalité ?

S. R. : Punk est trop connoté années 80, elles sont davantage rock, avec leur façon de s’adresser au public et de dire ce qu’elles ont à dire. On pourrait les qualifier de Pussy Riot ukrainiennes, c’est-à-dire qu’avec leurs textes, qui sont politiquement mais aussi poétiquement engagés, elles sont capables de prendre une posture sur scène très rock’n roll par leur look et par leur façon d’être tout le temps en adresse directe. Elles sont très cabarétiques !

Comment allez-vous traiter la forme du cabaret, qui a déjà des représentations fortes dans l’esprit des gens ?

S. R. : Je ne sais pas ce que le cabaret signifie pour les gens en général. Qui a été au cabaret, que représente-t-il ? J’ai l’impression que quand on parle du cabaret, on parle des revues, type Lido avec des danseuses et des plumes, et des numéros de cirque qui sont là, dans la monstration, avec un public qui mange et qui boit. On revient toujours plus ou moins à cette image-là. J’ai donc voulu prendre ces trois éléments-là, avec les Dakh Daughters en meneuses de revue – mais sans les plumes ! – et avec de vrais textes et de vraies chansons qui vont être créés et adaptés aux numéros que je vais mettre en scène. Les numéros des cabarets habituels sont souvent des numéros très virtuoses, mais dans des espaces confinés, sans hauteur, resserrés autour d’une table. J’ai voulu prendre le contrepied en imaginant des numéros qui pourraient exister dans de très grands espaces, que l’on n’aurait pas l’habitude de voir d’aussi près dans des grands cirques. Là, on sera dans la démesure.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Le Terabak de Kyiv
du vendredi 16 décembre 2016 au samedi 14 janvier 2017
Le Monfort
106 Rue Brancion, 75015 Paris, France

du mardi au samedi à 20h30, relâches lundi, dimanche, et 24 décembre. Tél. : 01 56 08 33 88.

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