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Le dernier spectacle d’Éric Ruf en tant qu’administrateur général de la Comédie-Française est repris dans la Cour d’honneur. Il livre de cette vaste fresque une version maîtrisée, élégante, mais aux débordements trop contenus pour en donner toute la mesure.
Si Éric Ruf a pratiqué en tant que comédien le vers claudélien sans rime ni mètre, entre théâtre et poésie, c’est seulement en pleine épidémie de Covid qu’il se décide à l’approcher en tant que metteur en scène. À ce moment, il va directement à la pièce que l’auteur lui-même considérait comme la « somme » et le « reflet » de tous ses textes dramatiques antérieurs. Soit Le Soulier de satin écrit entre 1918 et 1925, drame en « quatre journées » dont l’histoire a partie liée avec celle de la Comédie-Française pour y avoir été monté dans une version réduite par Jean-Louis Barrault en 1943. Relever le défi que représente ce « drame dont la scène est le monde », dont la représentation intégrale dure plus de onze heures, est en cela déjà une façon de repousser les limites habituelles de la représentation. Ancré dans l’Espagne des Conquistadors de la fin du XVIème siècle, l’amour impossible entre Rodrigue et Doña Prouhèze porte aussi l’idée d’une libération à la fois historique et métaphysique. En cherchant à faire honneur à la fois à la dimension monumentale de l’œuvre et à ses folies et débordements, la mise en scène du Soulier que signe Éric Ruf emprunte toutefois une voie relativement prudente.
Une tempête en sa Maison
Alors qu’après sa version réduite au Français, Jean-Louis Barrault montait l’intégrale du Soulier de satin en 1980, suivi en cela en 1987 par Antoine Vitez au Festival d’Avignon ou encore par Olivier Py au Théâtre de l’Odéon en 2007, c’est dans une mouture de six heures trente – plus plusieurs entractes – qu’Éric Ruf présente Le Soulier de satin. Ce parti pris limite l’énormité de l’œuvre claudélienne, que tend au contraire à mettre en avant la scénographie réalisée par le metteur en scène lui-même, très délicate dans sa manière de mettre à nu à la fois la structure du lieu et les arcanes de la pièce. Ce dépouillement est bien plus qu’élégant : il épouse une dramaturgie singulière pour l’époque, où les manœuvres nécessaires aux passages d’un tableau à l’autre se font à vue. Ce bricolage exigé par Claudel dans son prologue se cantonne hélas ici pour l’essentiel à ces transitions, assumées par deux Annonciers incarnés par Serge Bagdassarian et Florence Viala avec la drôlerie nécessaire. Portés par Marina Hands et Baptiste Chabauty dans les rôles principaux et par l’imposante distribution – 17 comédiens et 4 musiciens –, les multiples rebondissements de la vaste fresque se déroulent sans grandes surprises. L’indéniable maîtrise du jeu a tendance à se concentrer dans la veine dramatique de la pièce, au détriment d’un comique pourtant toujours présent et même central dans l’esprit claudélien, qui tend vers la joie envers et contre tout. Un Soulier moins aimable eût été encore plus fidèle à Claudel et plus en résonance avec notre présent troublé.
Anaïs Heluin
à 22h, relâche lundi.
Tél : 04 90 14 14 14.
Durée : 8h avec 3 entractes.
Spectacle vu à la Comédie-Française.
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