Le Signal du promeneur
Critique
Théâtre de la Bastille
Conception et mes Raoul collectif
Publié le 16 novembre 2012 - N° 203
Raoul collectif signe une première création qui tonne comme un manifeste artistique et politique.
C’est assez foutraque, un peu chaotique, foisonnant et facétieux, déjanté en diable et carrément réjouissant. Première création de Raoul collectif, Le Signal du promeneur a raflé les prix du jury et du public au Festival Impatience en juin dernier. Il est vrai qu’il emporte les cœurs par l’énergie, l’exubérance et l’intelligence qui s’en dégagent. On y voit débarquer une bande de drôles en cirés jaunes, guidés dans la nuit noire par une lampe-tempête, s’adonnant à un étrange rituel. Puis à tour de rôle ils livrent des souvenirs, scènes de vie et autres fragments d’existence. Il est question de ruptures, de destins empêchés, d’échappées belles hors des cadres d’une société bloquée. De désirs fous, de chemins de traverse et de violents arrachements au conformisme qui plombe la perspective. Et aussi de productivité, d’argent, de consommation et de performance. Ou encore d’ennui, de peur et de dépendance. « Qu’est-ce qui pousse un homme à rompre totalement avec son milieu, voire avec la société tout entière ? » Voilà la question que triturent ces cinq héros solitaires au gré de saynètes cocasses, poignantes, toujours détonantes.
Vitalité généreuse
Issus du conservatoire de Liège, Romain David, Benoît Piret, David Murgia, Jean-Baptiste Szezot et Jérôme De Falloise ont décidé de faire théâtre ensemble et d’inventer un fonctionnement véritablement collectif. « Soyons frères parce que nous sommes perdus », telle est la devise brandie en étendard de leur démarche. Ils ont pioché des thèmes et des personnages dans Walden ou la vie dans les bois de Thoreau, Mars de Zorn, L’adversaire d’Emmanuel Carrère, Into the Wild de Sean Penn… Autant d’extraits qu’ils ont ensuite réécrits au plateau et croisés avec leur propre expérience du processus de création, notamment de longues marches en groupe dans les Ardennes et les Cévennes. Composite, la pièce assemble à gros points ces histoires disséminées par bribes et quelques interludes musicaux, tirant le fil d’une liberté fantasque et d’un humour souvent potache pour coudre le tout. Déambulant entre un piano déglingué, un arbuste en pot et des tabourets en pagaille, ces comédiens un peu scouts donnent par leur vitalité généreuse un sacré souffle aux questions existentielles.
Gwénola David
A propos de l'événement
Le Signal du promeneurdu lundi 26 novembre 2012 au jeudi 13 décembre 2012
Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, 75011 Paris
Du 26 novembre au 13 décembre 2012 à 21h, le dimanche 2 décembre à 18h et le dimanche 9 décembre à 15h et 20h, relâche les 29, 30 novembre et les 4 et 10 décembre. Tél. : 01 43 57 42 14. Spectacle vu à l’Odéon, dans le cadre du Festival Impatience 2012.