La Terrasse

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Théâtre - Entretien

Le Prince

Le Prince - Critique sortie Théâtre Malakoff Théâtre 71
Laurent Gutmann Crédit photo : Pierre Grosbois

Théâtre 71 / d’après Nicolas Machiavel / mes Laurent Gutmann

Publié le 11 janvier 2014 - N° 216

Après une adaptation du Petit Poucet en 2012, Laurent Gutmann porte aujourd’hui à la scène Le Prince de Nicolas Machiavel. Pour faire entendre ce texte vieux de 500 ans, il invente un stage de formation visant à enseigner la façon de prendre le pouvoir et de le garder.

Pourquoi avoir décidé de faire entendre au théâtre, aujourd’hui, cet essai politique du début du XVIème siècle ?

Laurent Gutmann : Le Prince est un texte que tout le monde pense plus ou moins connaître, mais qui est finalement assez peu lu. En le redécouvrant aujourd’hui, on est frappé par sa force scandaleuse, force qui tient sans doute moins à ce qu’il dit qu’au fait même qu’il nous le dit. C’est un texte fondamentalement ambivalent : en même temps qu’il a pour objet l’éducation politique des princes, il porte à la connaissance du peuple l’art du gouvernement et, par là même, fait prendre conscience au peuple des opérations de domination dont il est l’objet. Au cœur du texte de Machiavel, il y a donc la notion d’éducation politique.

Qui sont les cinq personnages que met en jeu votre spectacle ?

L. G. : La situation que développe notre spectacle est celle d’un stage de formation pour futurs princes. Face à deux formateurs, dont l’un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires sont confrontés à un certain nombre de mises en situation censées leur enseigner comment prendre le pouvoir et comment le garder. Ces mises en situation remplacent les nombreux exemples que Machiavel puise dans l’antiquité romaine pour étayer ses propos – exemples qui ne sont, pour nous, plus guère éclairants. La parole de Machiavel guide les stagiaires et, le plus souvent, sanctionne leurs erreurs. Car ce qui ressort de ces jeux, c’est que le pouvoir est par nature instable : on est assuré de le perdre un jour.

Quelles sont les idées de ce texte que vous souhaitez particulièrement mettre en lumière ?

L. G. : Machiavel est habituellement considéré comme un cynique, un théoricien d’un pouvoir qui n’aurait d’autre finalité que lui-même. Mais sa parole est d’abord celle d’un homme qui a foi dans la force du politique. C’est au nom de la nécessité de l’action politique qu’il refuse catégoriquement toute forme d’idéalisme. Ses mots parlent d’eux-mêmes : « Mon intention étant d’écrire des choses utiles à qui les écoutent, il m’a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective des choses que l’idée que l’on s’en fait. Il y a si loin entre la manière dont on vit et la manière dont on devrait vivre, que celui qui laisse ce que l’on fait pour ce que l’on devrait faire, apprend plutôt à se perdre qu’à se préserver ».

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Le Prince
du mardi 21 janvier 2014 au samedi 25 janvier 2014
Théâtre 71
3 place du 11 novembre, 92240 Malakoff.

Du 21 au 25 janvier 2014. Les mardis et vendredis à 20h30 ; les mercredis, jeudis et samedis à 19h30. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 55 48 91 00. www.theatre71.com.
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