Le Tartuffe ou l’Hypocrite
La Compagnie lyonnaise Le Fanal présente la [...]
Reprise de la mise en scène du Jeu de l’amour et du hasard signée Philippe Calvario. Entre bouffées de farce et éclairs de gravité.
Le projet de cette création est né, en 2009, suite à une proposition faite par le Théâtre 95 à Philippe Calvario : mettre en scène un texte classique français, une forme légère comportant peu de personnages. Acceptant la commande, le metteur en scène et comédien a choisi de se lancer dans Le Jeu de l’amour et du hasard, œuvre qui lui offrait l’opportunité de poursuivre son travail sur la question du désir et de la liberté. Car dans la pièce de Marivaux, un double jeu de travestissement amoureux vient rebattre les cartes des cadres sociaux et des sentiments organisés. Promis l’un à l’autre sans qu’ils n’aient jamais eu l’occasion de se rencontrer, Silvia et Dorante décident de se livrer, en secret, au même stratagème : prendre l’habit d’un de leur domestique afin de se faire, à distance, un avis sur la personne qu’ils doivent épouser. Mais l’expérience ne les mène pas sur le chemin qu’ils pensaient emprunter. Tombant immédiatement sous le charme l’un de l’autre, Silvia (alias Lisette) et Dorante (alias Bourguignon) se mettent à s’aimer pour ce qu’ils sont, malgré la différence de classes qu’ils croient, alors, les séparer.
Sur des airs de Serge Gainsbourg
Philippe Calvario utilise chaque recoin du plateau, mais aussi de la salle, pour stimuler une représentation qui n’hésite jamais à aller là où on ne l’attend pas. C’est même, d’une certaine façon, la ligne qui se détache de cette version du Jeu de l’amour et du hasard ponctuée d’extraits de chansons de Serge Gainsbourg : une volonté de vulgariser, de rompre avec l’image précieuse et élégante généralement associée au théâtre de Marivaux. Cela, avec plus ou moins de réussite, selon les scènes et selon les interprètes (Anne Bouvier, Jérémie Bédrune, Philippe Calvario, Nicolas Chupin, Eric Guého et Marie-Pierre Nouveau). Car tout ne fonctionne pas toujours dans cette forme de pragmatisme, voire de quotidienneté, qui flirte, lors de certaines bouffées de farce, avec les limites de la trivialité. Prenant le parti des situations plutôt que celui de la langue, plutôt que celui de la rigueur stylistique, Philippe Calvario parvient cependant à faire surgir, au fur et à mesure des trois actes, d’intéressants éclairs de gravité. Ces contrepoints à la comédie mettent en évidence la cruauté et l’égoïsme du jeu imaginé par Silvia et Dorante. Un jeu de dupe au sein duquel l’autre n’est jamais considéré que comme un instrument.
Manuel Piolat Soleymat
Chapelle des Templiers
à 21h45, relâche le 19. Tél : 04 32 76 02 79. Durée : 1h30.
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