La Gioia de Pippo Delbono
Après Vangelo, Orchidées, Dopo la battaglia, [...]
Après avoir adapté le roman d’Yves Ravey avec Joël Jouanneau, Sandrine Lanno le met en scène en ménageant le suspense de cette enquête criminelle qui dissèque l’institution scolaire : bonne rentrée !
Que raconte la pièce ?
Sandrine Lanno : L’histoire se passe dans un collège. Elle est simple comme un fait divers : deux élèves décident de faire boire la tasse à leur professeur d’anglais, accompagnateur du cours de natation. Blague de potache ou tentative de meurtre ? Le « censeur des études » et le professeur principal de la classe, également « professeur d’acquisition des savoirs », mènent l’enquête. Le premier prend l’événement au pied de la lettre : couler un prof est inadmissible et ce manquement à l’ordre est intolérable. Le second ne cautionne évidemment pas qu’on coule son collègue (qui, en plus, est un vieux copain), mais sa vision n’est pas la même que celle du censeur des études. Leur confrontation finit en duel dans le monde clos de ce collège qui ne fonctionne pas très bien, à l’instar de l’Education nationale, qu’Yves Ravey connaît bien pour y avoir été professeur pendant longtemps.
Comment avez-vous adapté le texte original ?
S.L. : A quatre mains, avec Joël Jouanneau. Dans ce texte, qui est un gros roman très peu dialogué, nous avons d’abord choisi de conserver tout ce que nous aimions et Joël a composé un canevas, peaufiné ensuite avec les acteurs au plateau. Le texte constitue une matière subtile mais aussi dense et complexe, notamment à cause du personnage du professeur d’acquisition des savoirs, dont l’histoire ressurgit, rappelant les humiliations qu’il a lui-même subies quand il était élève à l’Ecole Régulière (sorte de double de l’Ecole Normale), et qui voit dans le censeur des études la répétition de cet invariant autoritaire.
Quelle est la nature de cet invariant ?
S.L. : La crainte et l’excès de zèle composent ensemble le terreau d’un rapport malsain au pouvoir et à l’autorité. L’Education nationale est un endroit qui peut être asphyxiant et où cohabitent bêtise et bonté, indulgence et tyrannie et, presque toujours, une chose et son inverse. Et quand on porte à faux par rapport à son habituel fonctionnement, on est confronté à la médiocrité de la nature humaine. Mais le texte parle aussi de la volonté de certains d’échapper à cela. Plus généralement, le texte dissèque les rapports que nous entretenons avec le pouvoir, avec la hiérarchie, et la manière dont on peut être piégé par le silence qu’impose l’obéissance.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 21h ; relâche les lundis et le 10 septembre ; dimanche à 15h30. Tél : 01 44 95 98 21.
Après Vangelo, Orchidées, Dopo la battaglia, [...]