Danse - Entretien / Collectif (La)Horde
Le collectif (La) Horde présente Marry me in Bassiani
Maison des Arts de Créteil
Chorégraphie (La)Horde
Publié le 27 septembre 2019 - N° 280
Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel forment le collectif (La)Horde, tout récemment arrivé à la direction du CCN Ballet de Marseille. D’une voix, ils nous parlent de leur nouvelle création.
Cette création a en commun avec votre précédente pièce la question des pratiques post internet, de la communauté, et de la jeunesse. Qu’est-ce qui a primé ?
Collectif (La)Horde : Pendant To da bone, on échangeait beaucoup de vidéos entre nous et on a découvert des vidéos de répétitions de ballet géorgien, avec des gestes repris dans des vidéos de mariages. Avec la viralité d’internet, on a mis du temps à localiser leur origine. Puis on a découvert des sortes de mythes qui ont aiguisé notre curiosité et qui nous ont poussés à nous rendre en Géorgie. Le premier déclic a eu lieu quand nous avons lu que la Géorgie était le berceau de toutes les danses européennes… Et le vin aussi ! (rires). Alors, on s’est dit que notre nouvelle création pouvait être une manière d’approfondir des thèmes déjà présents dans notre premier spectacle, qu’on pouvait suivre cette sérendipité d’internet et explorer une danse ancienne. En allant là-bas, nous avons rencontré beaucoup de danseurs que nous avions contactés sur internet. Nous avons été très impressionnés par leur virtuosité, par leur puissance physique et par leur passion de danser ces danses traditionnelles. Nous avons été aussi très surpris par leur jeunesse, alors que nous avons tendance à associer la danse traditionnelle à une veine passéiste voire parfois nationaliste. C’est certes une fierté nationale en Géorgie, mais c’est aussi une expression forte de résistance culturelle. Elle a ainsi été un acte de résistance pour une certaine jeunesse pendant l’ère communiste. Les communautés pouvaient continuer d’échanger, de vivre ensemble, de pratiquer leur art et d’inventer de nouvelles possibilités d’écriture.
Quel est le lien avec Bassiani, nom d’un club techno de Tbilissi ?
Collectif (La)Horde : Cela a été le deuxième déclic, car certains de ces jeunes qui dansent les danses traditionnelles allaient le soir dans des clubs de revendication LGBTQ, prônant la diversité, la fluidité du genre, la tolérance, l’amour comme on le souhaite. Quelque mois après notre premier voyage, le club Bassiani a fait l’objet d’un raid de l’armée géorgienne. Face à cette violence, la jeunesse s’est fédérée pour créer une rave party devant le parlement. Cette contestation s’est faite par la danse de manière pacifique, et pendant trois jours ils ont célébré la musique et la liberté des corps. C’est pourquoi nous avons voulu réunir des danseurs du milieu underground et du milieu traditionnel. Cette pièce est issue de notre collaboration avec ces interprètes géorgiens, qui expriment l’impossibilité pour eux de ne pas danser, une espèce de vitalité de l’ordre de l’urgence à perpétuer des mouvements traditionnels tout en continuant à avancer dans une société géorgienne tiraillée entre le patriarcat, une oppression russe, la question du genre… soit de nombreux sujets complexes qui résonnent avec l’actualité en Europe.
« Cette pièce est issue de notre collaboration avec les interprètes géorgiens, qui expriment l’impossibilité pour eux de ne pas danser. »
Quelle est la part des choses entre l’aspect documentaire et la fiction ?
Collectif (La)Horde : Il n’y a pas d’aspect documentaire. A partir d’une situation initiale, qui est celle d’un mariage, nous racontons avec ces interprètes de talent une histoire universelle.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Le collectif (La) Horde présente Marry me in Bassianidu mercredi 16 octobre 2019 au samedi 19 octobre 2019
La Maison des Arts de Créteil
place Salvador Allende, 94000 Créteil
à 20h. Tél. : 01 45 13 19 19.
Dans le cadre de la Biennale des arts numériques Némo