Avec « Rossignol à la langue pourrie », Guy-Pierre Couleau fait résonner les vers poignants de Jehan-Rictus.
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Odile Pedro Leal, directrice artistique du Grand Théâtre Itinérant de Guyane, mène avec ses complices un rituel théâtral qui interroge la condition féminine, dans un syncrétisme prenant la sororité pour ciment.
Quatre femmes sont appelées au plateau, elles sont les quatre points cardinaux, les quatre sœurs qui régissent le globe. Seulement, leur pouvoir s’est envolé depuis bien longtemps, confisqué par les hommes. Qu’est-il advenu des pharaonnes du royaume millénaire de Koush, dont les glorieuses pyramides se dressent encore à Méroé (actuel Soudan) ? La Déesse mère doit rendre des comptes, elle qui a abandonné ses filles. On lui a préparé un macchabée pour qu’elle puisse le posséder et parler à travers sa bouche. Se déroule alors sous nos yeux un rituel singulier, mêlant cultures amérindiennes de Guyane et langue créole. Les quatre comédiennes déclament des poèmes et des incantations, unies et intenses, avec une belle complicité. Loquace dans sa forme, ce spectacle sait, malgré quelques longueurs et répétitions, faire monter la tension, donner du corps à cette cérémonie dont l’enjeu est universel.
Le mythe comme lecture de l’histoire
Il y a ce temps des mythes, indéterminé, trop ancien pour le dire et le temps des civilisations humaines. On glisse de l’un à l’autre et la langue mystique devient concrète, revendicatrice. La découverte du « Nouveau Monde » et la traite des esclaves qui a suivi, la Shoah, les guerres qui meurtrissent toujours notre monde sont autant d’occasions pour les femmes d’être, plus que quiconque, victimes des pires sévices. Le recours aux rites et à la magie permet de se figurer plus globalement, plus symboliquement, l’oppression. Il y a, dans le texte d’Odile Pedro Leal et les poèmes de Marie-Célie Agnant, une maîtrise de la langue qui passe du divin au trivial : « Quand alors était-il question de bourses ou de testicules mes sœurs ? ». La forme inédite ainsi construite conjure toutes les oppressions et nous invite à croire en ce rituel, pour l’espoir.
Enzo Janin-Lopez
à 18h15, relâches les 11 et 18 juillet.
Durée 1h15.
Tél : 04 90 14 07 49
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