La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien /Festival d'Avignon 2021

Lamenta, chorégraphie de Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen

Lamenta, chorégraphie de Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen - Critique sortie Danse Avignon Festival d'Avignon. Cour minérale - Avignon Université
© Rosalba Torres Guerrero Lamenta

Cour minérale – Avignon Université / chor. Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen

Publié le 5 mai 2021 - N° 290

Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen ont ramené de leur voyage en Grèce des chants et des danses traditionnels. La communauté qu’ils forment autour de cette nouvelle création en est le reflet, engageant les corps dans un processus de retour à la vie.

Qu’est-ce que le miroloi, qui est à l’origine de cette création ?

Koen Augustijnen : Le miroloi est avant tout un ensemble de chants, que l’on retrouve lors de funérailles ou de fêtes de mariage, car ils évoquent le drame du départ. Certains, très anciens, parlent de héros qui ont combattus. À Épire, dans le nord de la Grèce, nous avons assisté à des fêtes, et c’est là que la danse apparaît : une danse de groupe où l’on se tient la main, très lentement, avec quelque chose de lourd, très terrien, comment si l’on essayait de gravir une montagne. Puis cette danse en croise d’autres, qui ont la même structure, mais avec une cadence plus rapide, incluant des spirales.

Le sens induit par les textes des chants a-t-il été un point d’appui pour construire la danse ?

K. A.: Oui, certainement, mais on ne voulait pas expliciter ni illustrer les chansons. C’est beaucoup plus abstrait. La musique, composée avant la danse, a fourni une structure sur laquelle s’appuyer. C’est une colonne vertébrale musicale et dramaturgique qui conduit vers une forme de libération, presque comme une transe.

 Rosalba Torres Guerrero : La musique est l’armature du spectacle. Nous sommes arrivés à quelque chose qui est à la fois inspiré, ancré dans la tradition, mais qui se traduit dans des corps et des réalités d’aujourd’hui. On assiste à une progression. Des miroloi sont joués, chantés, avec des musiciens traditionnels et neuf danseurs originaires de Grèce, puis on glisse de plus en plus vers une musique d’aujourd’hui,  jusqu’à un morceau de plus de dix minutes. C’est un espace d’explosion, de transe, où le texte célèbre le fait de vivre ici et maintenant, car une fois chez Hadès, c’est fini !

« La musique est l’armature du spectacle. »

Peut-on arriver à la transe dans un espace qui est celui de l’illusion ?

R. T. G.: C’est peut-être un terme que l’on utilise trop facilement du fait de l’énergie qu’il sous-entend. Disons plutôt lâcher-prise. Les danseurs arrivent à des états physiques très puissants. Sur le plateau se trouve toujours un mélange entre le lâcher-prise et la maîtrise, parce qu’il s’agit de transmettre quelque chose, et non juste de le vivre pour soi-même. Pour les interprètes comme pour les spectateurs, c’est un voyage qui se vit et transcende quelque chose, avec un fort impact physique.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Lamenta, chorégraphie de Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen
du mercredi 7 juillet 2021 au jeudi 15 juillet 2021
Festival d'Avignon. Cour minérale - Avignon Université
74 Rue Louis Pasteur, 84029 Avignon

à 22h, relâche le 10. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 1h10.

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