Je suis drôle
Claude Perron crée le texte que Fabrice [...]
En 1999, Le Songe d’une nuit d’été fut sa première mise en scène. Philippe Awat revient à Shakespeare avec La Tempête, spectacle créé à Créteil en 2011 et repris aujourd’hui au Théâtre des Quartiers d’Ivry, dans une traduction et une adaptation de Benoîte Bureau.
« La Tempête est une pièce mythique qui, je crois, fait à la fois peur et envie aux metteurs en scène. La première fois que je l’ai abordée, c’était en cours, lorsque j’étais élève comédien. J’ai toujours gardé un rapport assez particulier à ce texte mystérieux qui, s’il n’est sans doute pas le plus grand texte de Shakespeare, est l’un de ceux qui me touchent le plus. On retrouve dans La Tempête les thèmes favoris du dramaturge : les luttes de pouvoir, le rapport au politique, la soumission, la relation amoureuse, le fantastique, la vengeance, l’opposition bien/mal, amour/haine… Et puis, il y a le thème de la mort, de la condition existentielle de l’homme que Shakespeare traite à travers le personnage de Prospero. Ce personnage est une sorte d’anti-héros, un être complexe, paradoxal et tragique. L’auteur se sert d’ailleurs de lui pour se projeter dans sa propre fin, pour questionner sa propre disparition. D’une certaine façon, cette tragi-comédie – qui est la dernière pièce écrite par Shakespeare – peut ainsi être considérée comme une œuvre testamentaire.
Une histoire de vengeance
Y a-t-il une vie après la mort ? Et si oui, quelle est-elle ? Tout au long de la pièce, Shakespeare pose la question de la mort physique et de la survivance de l’âme. Mais La Tempête, c’est aussi une histoire de vengeance. Car Prospero (ndlr, après Jean-Paul Dubois à la création du spectacle, c’est aujourd’hui Thierry Bosc qui reprend ce rôle) passe son temps à organiser les événements qui le vengeront de la traitrise de son frère. Ce dernier lui a volé son titre de duc, avant de le pousser à l’exil, avec sa fille Miranda, sur une île inconnue. Mais quand Prospero pourrait lui donner le coup de grâce, finalement il lui pardonne, se range à l’idée de clémence et d’apaisement. Pour faire surgir la dimension fantastique de la pièce – qui se concentre sur le personnage d’Ariel, esprit de l’air aux ordres de Prospero – j’ai fait appel à la compagnie de “magie nouvelle” 14:20. Les illusions qui naissent ainsi donnent corps à des effets à la fois poétiques et très impressionnants. Ces effets forment une sorte de décalage, d’étrangeté, viennent renforcer l’atmosphère sombre et surnaturelle de ma mise en scène. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Claude Perron crée le texte que Fabrice [...]