La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Gros Plan

La Reprise, Histoire(s) du théâtre (I)

La Reprise, Histoire(s) du théâtre (I) - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Festival d’Avignon. Gymnase du lycée Aubanel
La Reprise, un manifeste pour un théâtre démocratique. Crédit : Michiel Devijver

Gymnase du lycée Aubanel / texte et mes Milo Rau

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Milo Rau interroge le théâtre de manière performative en inaugurant, avec La Reprise, le cycle des Histoire(s) du théâtre ainsi qu’une nouvelle théâtralité, « le réalisme global ».

Considéré comme un des metteurs en scène les plus doués de sa génération, salué comme un des créateurs les plus féconds de la scène européenne, Milo Rau a déjà publié plus d’une cinquantaine d’œuvres théâtrales, cinématographiques ou littéraires. Avec La Reprise, il inaugure ses Histoire(s) du théâtre, série sur l’essence, l’histoire et l’avenir de la scène, dont le titre rend hommage aux Histoire(s) du cinéma, de Jean-Luc Godard. Cette série est aussi l’occasion d’interroger l’histoire violente du XXème siècle, et le fait divers dans lequel s’origine La Reprise en est un des plus émétiques épisodes. Une nuit d’avril 2012, Ihsane Jarfi parle à un groupe de jeunes hommes, au coin d’une rue de Liège, devant un bar gay. Deux semaines plus tard, il est retrouvé mort à la lisière d’une forêt. Il a été torturé pendant des heures et violemment assassiné. La pièce de théâtre construite à partir de ce crime entend renouer avec la nature et le principe du théâtre, puisque, « dès le début, le théâtre a été une incantation des morts, une expérience rituelle de crimes primitifs et de traumatismes collectifs », et se présente comme « une enquête performative à long terme sur la plus ancienne forme d’art de l’humanité ».

Le crime pour sonder le tragique

Avec ce spectacle, Milo Rau revient sur des problèmes fondamentaux qu’explore son théâtre depuis quinze ans : « la question de la représentativité de la violence et des événements traumatisants sur scène ». Le tragique est abordé sous la forme d’un jeu allégorique de criminologie. Pour ce faire, quatre comédiens professionnels (Sara De Bosschere, Sébastien Foucault, Johan Leysen et Tom Adjibi) et deux comédiens amateurs (Fabian Leenders et Suzy Cocco) suivent les principes du nouveau « Manifeste de Gand », qui sera lu au début du spectacle et qui ressemble au « Dogme 95 », mis en place au cinéma il y a plus de vingt ans, sous l’impulsion de Lars von Trier. Les règles de ce manifeste définissent les conditions d’un « réalisme global » : un théâtre léger, quasi sans décor, et un théâtre démocratique, accessible à tous, qui intègre des amateurs dans la troupe, des règles d’écriture précises, qui spécifie l’usage des emprunts textuels et des langues utilisées (pour La Reprise, le français et le néerlandais). L’ensemble se veut « une recherche de la condition humaine fondamentalement tragique et un chant sur le pouvoir du théâtre ».

 

Catherine Robert

A propos de l'événement

La Reprise, Histoire(s) du théâtre (I)
du samedi 7 juillet 2018 au samedi 14 juillet 2018
Festival d’Avignon. Gymnase du lycée Aubanel
14 rue Palapharnerie, Avignon

Du 7 au 10 et du 12 au 14 juillet à 18h. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h.

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