La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien David Kadouch

La passion Chopin

La passion Chopin - Critique sortie Classique / Opéra Lille Auditorium Nouveau Siècle

PIANO / LILLE / PARIS

Publié le 27 mai 2014 - N° 221

Né à Nice en 1985, le jeune pianiste David Kadouch compte parmi les nouvelles personnalités du piano les plus charismatiques.  Daniel Barenboïm ou Itzhak Perlman (qui l’invite à jouer dès l’âge de 14 ans) ont très tôt remarqué et soutenu son talent. Invité du Lille Piano Festival dont il fera l’ouverture le 13 juin puis du Festival Chopin de Paris en juillet, il se fait aujourd’hui le passeur de la musique de Chopin, un compositeur qui le fascine depuis l’enfance.

“Chopin surprend toujours.

On le trouve mièvre ? Il est orageux. Souffreteux? Il devient héroïque !”

Quelle place tient Chopin dans votre répertoire, dans votre univers intérieur ?

David Kadouch : Je devais avoir neuf ans lorsque j’ai joué pour la première fois une oeuvre de Chopin. C’était un Nocturne. Je me souviens que je ne pouvais pas m’empêcher de le jouer encore et encore, tellement cette oeuvre me plaisait ! Aujourd’hui encore, il fait partie de bon nombre de mes programmes de récitals. Malgré tout, je ne l’ai jamais enregistré, je préfère le jouer en concert. Chopin est un compositeur qui bien plus que d’autres se sert du temps, des silences, de l’espace des notes. Et je trouve qu’il est plus difficile, au disque, de percevoir ce « rubato » de manière organique, ce qui ne m’empêche pas de penser à un programme en vue d’un enregistrement. Il est difficile de ne pas aimer Chopin parce qu’il surprend toujours. On le trouve mièvre ? Il est orageux. Souffreteux ? Il devient héroïque ! C’est un compositeur qui me fascine.

Ressentez-vous une pression différente, en jouant Chopin, compositeur du piano par excellence ?

D. K. : La musique de Chopin a souvent été associée aux salons, aux dames de Paris, à quelque chose de légèrement suranné et daté. Je voudrais que l’auditeur oublie la légende, les histoires, George Sand, tout ce qui entoure le compositeur pour qu’il profite sans a priori de sa musique ciselée, polyphonique, certes redoutable pour les pianistes, mais d’une grande puissance émotionnelle.

Dans les Préludes ou le Deuxième concerto que vous allez jouer à Paris et à Lille, à quels enjeux ou défis interprétatifs allez-vous vous confronter ?

D. K. : Les préludes op.28 forment une oeuvre ardue. Ses miniatures qui forment un ensemble grandiose n’ont a priori rien à voir entre elles, pourtant lorsque je joue les dernières notes funèbres du recueil, je reste souvent ému face au sens qui se dégage de l’ensemble. J’essaie malgré tout d’y poser ma patte, en faisant oublier encore une fois les histoires que l’on relate autour de ces oeuvres, comme le prélude de « la goutte d’eau » nommé ainsi par l’éditeur. Ces images ne me suffisent pas, et j’aimerais plutôt faire entendre les tensions harmoniques, la richesse des rythmes et des articulations… Le Concerto n°2 est une oeuvre tout simplement jouissive. L’un des défis de ce concerto est de prendre le temps de dire les choses, sans toutefois perdre l’ensemble de vue. J’espère jouer un Chopin plus compact, plus à même de faire comprendre la belle simplicité de la ligne et l’urgence de son discours.

 

Propos recueillis par Jean Lukas

A propos de l'événement

David Kadouch
du vendredi 13 juin 2014 au jeudi 10 juillet 2014
Auditorium Nouveau Siècle
Rue Mendès France, 59000 Lille, France

Vendredi 13 juin à 20h30. Tél. 03 20 12 82 40. Programme : Concerto n°2 de Chopin, avec l’Orchestre National de Lille (direction Jean-Claude Casadesus).

Orangerie du Parc de Bagatelle, 75016 Paris. Jeudi 10 juillet à 20h45. Tel : 01 45 00 22 19. Œuvres de Chopin (24 Préludes, Valse op. 34 n° 1), Bach (Capriccio sopra la lontananza), Janacek (Dans les brumes) et Bartok (Ma mie qui danse, Suite « En plein air »).

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