Pierre et le loup
Emilie Lalande, jeune chorégraphe et [...]
Jean-Baptiste Sastre ressuscite un essai de Georges Bernanos où l’auteur évoque sa vision sans concessions du XXIe siècle.
De nos jours, l’image de l’écrivain Georges Bernanos est devenue assez partielle sinon floue. Ecrivain catholique, certainement. Auteur du Journal d’un curé de campagne, du Soleil de Satan et de Dialogues des Carmélites assurément, trois titres aujourd’hui presque plus connus par leur postérité cinématographique ou lyrique que l’œuvre originelle. De même, on a un peu oublié que Bernanos rejoignit De Gaulle dès l’Armistice ou qu’il rédigea des essais dont La France contre les robots. Comme le note Gilles Bernanos, petit-fils de l’auteur, « à travers ses Essais et écrits de combat, Bernanos est tout autant témoin engagé dans l’Histoire que romancier. Sans doute, les deux ne font-ils qu’un chez lui et chacun de ses romans témoigne d’une vérité âprement disputée. » Datant de fin 1944, alors que Bernanos résidait au Brésil, La France contre les Robots est avant tout le regard que porte l’écrivain sur la guerre. Mais il est aussi une réflexion sur la civilisation contemporaine.
Critique de la civilisation moderne
Dire qu’elle est optimiste serait mensonger. Comme le titre le laisse présager, il s’agit d’une critique acerbe de la société industrielle dans laquelle le machinisme limite la liberté des hommes mais aussi une critique de cette civilisation moderne vue comme une « conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure… », selon les mots de Bernanos qui enfonce le clou : « Vous vous fichez éperdument de la vie intérieure, mais c’est tout de même en elle et par elle que son transmises jusqu’à nous des valeurs indispensables, sans quoi la liberté ne serait qu’un mot ». S’emparant de ce texte et de quelques autres dont les résonnances avec notre société sautent aux yeux, Hiam Abbass et son complice Jean-Baptiste Sartre ont conçu ce spectacle dans lequel ce dernier « prête son corps à la voix intérieure de l’auteur. Il prend le texte tel qu’il est écrit, avec une extrême précision de ponctuation afin d’en porter le sens exact, sans effets de surenchère. »
Isabelle Stibbe
à 19h30, relâche les lundis 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 32 76 24 51.
Emilie Lalande, jeune chorégraphe et [...]