La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien Hervé Niquet

La défense d’un répertoire méconnu

La défense d’un répertoire méconnu - Critique sortie Classique / Opéra Versailles Opéra Royal du Château de Versailles
Crédit : Nicole Bergé

So French

Publié le 24 janvier 2014 - N° 217

En ce début d’année, Hervé Niquet est à l’honneur à l’Opéra Royal de Versailles où il dirige Les Fêtes de l’hymen et de l’amour de Rameau et Herculanum de Félicien David. L’occasion de revenir sur son rapport à la musique française.

« La musique française : rigueur sur le fond, fantaisie sur la forme. »

Du baroque à nos jours, qu’est-ce qui fait, selon vous, la spécificité de la musique française ?

Hervé Niquet : Comme dans toutes les nations, il y a une constante : le langage. Les questions de rhétorique et de symbolique se retrouvent d’une époque à l’autre. De ce point de vue, la Révolution française n’a rien interrompu. Plus près de nous, il y a eu une parenthèse, avec des compositeurs qui se sont inscrits dans une démarche de recherche. Mais ils n’ont rien trouvé, si ce n’est vider les salles de concert… Je suis rassuré en voyant maintenant des compositeurs s’éloigner des dogmes contemporains pour revenir à des choix plus humains. Je pense par exemple à Thierry Escaich qui, comme Messiaen, joue l’orgue à la tribune de l’église. Il n’est pas détaché de la réalité, il est dans un rapport physique à la musique. On retrouve alors ce qui caractérise la musique française : rigueur sur le fond, fantaisie sur la forme.

Pourquoi avoir choisi de donner de Rameau Les Fêtes de l’hymen et de l’amour ?

H.N. : Nous ouvrons l’année Rameau avec cette pièce, qui est la dernière œuvre de ce compositeur que l’on n’ait pas encore entendu.  C’est le fruit d’un travail de longue haleine avec le Centre de musique baroque de Versailles. La partition est spectaculaire, avec sa scène de débordement du Nil, son octuor de solistes vocaux… Avec Rameau, on est à la fin d’une période stylistique. C’était un personnage acariâtre mais voluptueux. N’oublions pas que ce fut aussi un scientifique, un grand acousticien et un fin observateur. Il a par exemple emprunté de nombreux thèmes à Boismortier, qui avait découvert avant lui bien des choses. Rameau a synthétisé ses contemporains, pour atteindre un sommet. Et après lui, le déluge !

Avec Herculanum de Félicien David, vous retrouvez un orchestre auquel vous êtes très attaché, le Brussels Philharmonic…

H.N. : Je suis premier chef invité de cet orchestre, avec lequel j’ai un rapport musical formidable. Je peux tout leur proposer, je parle d’Histoire, d’accord, d’organologie. Les musiciens n’ont pas de mépris pour notre musique, qu’il s’agisse de Théodore Dubois ou de Max d’Ollone. Quand on joue cette musique avec certains orchestres français, je pense par exemple à ceux de Radio France, les musiciens vous rient au nez. Je pense qu’aujourd’hui, par sa sonorité, sa démarche, le Brussels Philharmonic est l’un des meilleurs orchestres de culture française. Par ailleurs, les parties de chœur d’Herculanum, véritable péplum hollywoodien écrit par notre « Verdi français », seront tenues par le Chœur de la radio flamande, dont je suis le directeur musical.

 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

A propos de l'événement

Hervé Niquet
du jeudi 13 février 2014 au samedi 8 mars 2014
Opéra Royal du Château de Versailles
Rue des réservoirs 78000 Versailles

Le 13 février et le 8 mars à 20h à l’Opéra royal de Versailles, Rue des réservoirs 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 78 89. Places : 45 à 140 €. Tél. 01 30 83 78 89. Places : 30 à 130 €.
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