La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La Cuisine d’Elvis

La Cuisine d’Elvis - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point
Pierre Maillet, Cécile Bournay et Marie Payen dans La Cuisine d’Elvis. Crédit : Sonia Barcet

Théâtre du Rond-Point / de Lee Hall / mes Pierre Maillet

Publié le 25 octobre 2016 - N° 248

Créée le 11 octobre à la Comédie de Saint-Etienne, La Cuisine d’Elvis s’installe au Théâtre du Rond-Point. Un spectacle tout en humanité servi par Cécile Bournay, Matthieu Cruciani, Pierre Maillet et Marie Payen.

L’une des choses que l’on retient, lorsqu’on suit le parcours de Pierre Maillet, c’est la finesse du regard qu’il porte, en tant que metteur en scène et comédien, sur les œuvres et les rôles dont il s’empare. On se souvient, entre autres, de son interprétation impressionnante de Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée de Pierre Molinier, ou plus récemment de l’hommage à Copi qu’il a signé avec Marilù Marini (La Journée d’une rêveuse, spectacle repris, en mai prochain, au Théâtre du Rond-Point). Aujourd’hui, le cofondateur du Collectif Les Lucioles crée La Cuisine d’Elvis. Dans cette comédie sociale de l’auteur britannique Lee Hall, quatre personnages éclairent de leur humanité exacerbée le quotidien d’une famille chaotique. Il y a Dad, le père handicapé (Pierre Maillet), ancien imitateur transformiste d’Elvis Presley cloué à un fauteuil roulant. Il y a Mam, sa femme (Marie Payen), qui fait ce qu’elle peut pour se sentir vivante. Il y a Stuart (Matthieu Cruciani), le jeune amant de cette dernière, qui s’installe chez eux. Il y a Jill, enfin, la fille adolescente (Cécile Bournay), qui a du mal à trouver sa place au milieu de ce désordre.

Une comédie sociale qui dépasse la seule drôlerie             

On rit souvent en regardant ces êtres se heurter maladroitement les uns aux autres. Mais on est également happé par la profondeur avec laquelle chaque acteur donne vie à son personnage. Ici, nul trait forcé. Nul effet ostentatoire qui pourrait orienter la pièce vers une caricature de cabaret burlesque (le personnage du père se lève ponctuellement de son fauteuil pour interpréter, comme dans des rêves mélancoliques, des chansons du King). L’une des grandes qualités du travail de Pierre Maillet est de prendre au sérieux chaque espace du texte, aussi loufoque soit-il, pour en rendre compte avec minutie, et ainsi se tenir à distance des facilités de la parodie. Il fallait des comédiens de tout premier ordre pour donner chair à la vérité de ces destins brouillés, ces destins à la dérive. Tous les quatre se révèlent exemplaires. Moins connue que ses partenaires, Cécile Bournay est une révélation. « La vie, c’est un truc bizarre, non ? », lance l’adolescente qu’elle incarne, à la fin de la représentation, se questionnant sur l’existence. Cette bizarrerie, la comédienne l’investit de façon bouleversante. Elle la nourrit de colères, de rudesses, de fragilités. Ainsi que de pudeurs. Et d’espoirs.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

La Cuisine d’Elvis
du jeudi 3 novembre 2016 au dimanche 27 novembre 2016
Théâtre du Rond-Point
2 Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris, France

à 21h, le dimanche à 15h30. Relâches les lundis et le 11 novembre. Durée de la représentation : 1h40. Spectacle vu le 18 octobre 2016 à la Comédie de Saint-Etienne. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.

 

Egalement du 7 au 9 mars 2017 au Théâtre universitaire de Nantes, du 13 au 15 mars à la Comédie de Caen, du 19 au 21 avril au Théâtre de Nîmes.

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