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Comment parler de l’œuvre d’une vie, sans en avoir toutes les traces ? Michikazu Matsune se lance dans un drôle de talk-show avec Martine Pisani, qui nous fait ressentir, presque sans danse, l’esprit du travail de la chorégraphe.
Une table et des chaises pour les protagonistes, un mur pour accueillir des projections d’images, de films et de textes. En toute simplicité, le performeur japonais Michikazu Matsune prend la parole comme le ferait un animateur d’Arte TV pour nous présenter Martine Pisani, et commencer un voyage à travers son œuvre. Mais d’emblée, le ton est donné : lorsqu’il veut la questionner sur son tout premier solo, rien ne sort, car, oui, tout est oublié. D’une manière générale, la facétieuse Martine se contentera, dans ce vrai-faux entretien, d’acquiescer de simples « oui », ou d’un tordant « Ah bon ?! », ou d’avouer qu’elle est incapable de répondre sur la signification de la danse… Mais la façon dont Michikazu nous emporte est passionnante. Dans son récit de la première partie du parcours de la chorégraphe, il nous fait rencontrer Pina Bausch dansant le tango, Merce Cunningham au resto vegan, Claude Régy à la recherche d’une danseuse sur pointes, Odile Duboc laissant sa femme de ménage – Martine en l’occurrence – répéter dans son studio. Le tout en égrenant les années, les créations défilent, ainsi que les difficultés rencontrées ou les transformations opérées.
Une déclaration d’amour pleine d’humour
Le performeur, plasticien et compagnon de Martine Pisani Theo Kooijman prend aussi part, avec sa présence et son humour décalé, au récit. Témoin privilégié de ce parcours, il vient ajouter son grain de sel à des évocations d’œuvres dont peu de traces sont restituées ici. On accède à un film rare de Martine dansant au studio Duboc, on sourit de voir Theo et Michikazu singer le duo Martine Pisani / Sabine Macher, mais en réalité, que reste-t-il de la danse ? Au cours de la pièce, on aura changé d’espace (de France vers le Japon), on aura changé de décor (pour un tea time), on aura subi un jet-lag. Mais surtout, on aura, presque sans la voir, appréhendé la démarche de Martine Pisani à travers le regard de deux personnes profondément amoureuses de son travail. Les états de corps de sa danse dépeints par Theo sont éclairants : les marches qui ne sont pas droites, les équilibres précaires, les effets de grande fatigue, la sensation d’être perdu, de chuter. Une autre façon, annonciatrice, de parler de la maladie de la chorégraphe qui l’empêche de danser depuis de nombreuses années. Sa venue sur scène se vit alors d’une façon d’autant plus précieuse dans ce spectacle sur la mémoire, qui offre une belle parenthèse à tous les autres amoureux du paysage chorégraphique de la fin du XXe siècle jusqu’à nos jours.
Nathalie Yokel
à 23h. Tél : 04 90 14 14 14.
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