La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2021 - Entretien

Kingdom d’Anne-Cécile Vandalem

Kingdom d’Anne-Cécile Vandalem - Critique sortie Avignon / 2021 Avignon
Anne-Cécile Vandalem © Laetitia Bica

Cour du Lycée St-Joseph / texte et mise en scène Anne-Cécile Vandalem

Publié le 25 juin 2021 - N° 290

Après Tristesses et Arctique, Anne-Cecile Vandalem est de retour à Avignon pour le troisième volet de sa trilogie de dystopies. Kingdom, une expérience d’éloignement de la civilisation qui tourne mal.

Que raconte Kingdom ?

Anne-Cécile Vandalem : Deux réalisateurs arrivent dans la taïga sibérienne, territoire coupé du monde, afin de tourner un documentaire sur une famille venue s’y installer pour fuir une Europe devenue invivable. Mais une autre famille l’a rejointe et, après de premières années harmonieuses, les conflits se sont multipliés. Les deux familles vivent désormais séparées par une barrière. La pièce conduit à découvrir petit à petit le passé commun aux deux familles.

Est-ce l’histoire d’une utopie qui tourne mal ?

A-C.V. : Nous sommes dans un lieu à l’écart. Philippe, le patriarche, a voulu y fonder une sorte de royaume et écrire un livre. Mais la Nature n’est pas paradisiaque. Et la deuxième famille apporte avec elle des braconniers qui veulent exploiter la terre. Nous sommes dans une temporalité qui relève à la fois du présent et d’un futur potentiel, dans un spectacle qui questionne notre relation au vivant et ce qu’elle pourrait devenir. Mais oui, ce qui a commencé comme un projet utopique se transforme en échec.

« Un spectacle qui questionne notre relation au vivant et ce qu’elle pourrait devenir. 

Est-ce aussi une histoire de générations ?

A-C.V. : Le personnage d’Héléna, une jeune femme amoureuse d’un jeune homme de la famille ennemie, à la manière de Roméo et Juliette, pose effectivement la question de l’héritage des conflits. J’ai été inspirée pour ce spectacle par Braguino, un documentaire de Clément Cogitore sur deux familles ennemies vivant en Sibérie à l’écart de la civilisation, dans lesquelles le regard des enfants porte bien davantage le désir de rencontrer l’autre que celui de poursuivre les conflits ancestraux.

Sur la forme mêlez-vous à nouveau théâtre et image filmée ?

A-C.V. : Plus que jamais, je me sers ici de l’image filmée. Comme le cadre fictionnel est celui du tournage d’un documentaire, je ne cache même plus les caméras. Le dispositif sera semblable à celui d’Arctique et Tristesses. Avec des baraquements, une forêt, des caméras qui filment les intérieurs, les lieux cachés.  J’aime donner de la place à tous les langages qui construisent la scène. Et pourtant, je crois autant à ces outils qu’aux mots simples, qu’à la puissance évocatrice du récit parlé.

 

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Kingdom
du mardi 6 juillet 2021 au mercredi 14 juillet 2021


à 22h, relâche le 11. Tel. : 04 90 14 14 14. Durée : 1h40.

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