« Chat Noir Addict » célébration du cabaret montmartrois
Les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati et la mezzo [...]
Le Théâtre du Châtelet referme sa saison avec une nouvelle production de l’Histoire du Soldat. Karelle Prugnaud puise dans les arts du cirque pour faire découvrir à un large public l’onirisme poétique et corrosif du conte musical de Charles-Ferdinand Ramuz et Stravinsky.
Le plateau s’ouvre sur un bombardement sonore. Avec un diable rouge et cornu qui s’avance sur l’avant du plateau comme si la guerre était son œuvre, le décor et les costumes de Pierre-André Weitz immergent le spectateur dans un vacarme de destruction, sous les lumières blafardes de Bertrand Killy. Inerte comme une marionnette, le Soldat, sans doute trépassé, est ressuscité par le Lecteur du texte du Ramuz. Karelle Prugnaud émancipe des moyens de fortune des tréteaux le destin de ce personnage de conte musical, qui a échangé son violon, métonymie de son âme, contre un livre permettant de connaître l’avenir et la richesse. Nourris de multiples références, de Bosch à David LaChapelle, les effets visuels sont parfois appuyés avec une ironie corrosive, à l’exemple du panneau des illusions du luxe et de la célébrité, ou des figurants-pantins voilés de tissu comme Les Amants de Magritte, lorsque le Soldat retourne, tel un fantôme, auprès des siens. Avec la collaboration de Nikolaus Holz, qui interprète un Diable aussi mordant qu’aveugle sur la conséquence de ses actes, l’art de la pantomime et du cabaret rejoint les acrobaties circassiennes, pour mettre à la portée de tous les richesses de cette parabole faustienne.
Les équilibres funambules de l’Histoire du soldat
Doubles funambules du Soldat et de la Princesse malade, Quentin Signori, Samanta Fois et Chiara Bagni, membres de la compagnie Pré-O-Coupé comme la Princesse mimée par Alexandra Poupin, habitent de leurs voltiges les intermèdes instrumentaux. Installés au cœur d’un échafaudage aux allures de ruines, les sept musiciens placés sous la direction vigilante d’Alizé Léhon accompagnent les équilibres mouvants de cette narration hybride entre mots, gestes et notes. La scénographie sonore de Rémy Lesperon s’attache à préserver une vitalité naturelle dans l’homogénéisation acoustique, comme dans la mise en relief du violon solo quasi concertant de Clara Mesplé, avec toute sa râpeuse ambivalence suggestive. Dans un vaste espace à rebours de l’intimité chambriste où l’on relègue souvent l’Histoire du Soldat, la précision de la déclamation de Vladislav Galard, le Lecteur, et plus encore sans doute la naïveté impulsive du Soldat campé par Xavier Guelfi, peut être distraite par la profusion virtuose des images. À cet égard, Nikolaus Holz démontre un métier averti quant à son surjeu pour le rôle méphistophélique. Gageons que cette Histoire du Soldat, lue, jouée, mimée et dansée, qui contrarie certaines habitudes et ouvre le Théâtre du Châtelet à de nouveaux publics, trouverait ses dimensions idéales sur une scène de plein air, pour redonner ses lettres de noblesse à un esprit d’art populaire.
Gilles Charlassier
Les 19, 20, 24, 25 et 28 juin à 20 heures, les 21, 28 et 29 juin à 15 heures. Durée :1h20. Tél. : 01 40 28 28 40.
Les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati et la mezzo [...]
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