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Danse - Gros Plan

Josef Nadj à la Villette

Josef Nadj à la Villette - Critique sortie Danse Paris La Grande Halle de la Villette
Crédit photo : Séverine Charrier Légende photo : Les Philosophes selon Josef Nadj.

La Villette Chorégraphie Josef Nadj

Publié le 26 mai 2014 - N° 221

Le chorégraphe dévoile son univers à travers deux spectacles, un concert-film et une exposition de dessins et de photographies.

L’image chez Josef Nadj toujours articule la pensée et se révèle au revers du geste créateur. Formé aux Beaux-arts de Budapest, l’artiste d’abord s’adonne au dessin et à la peinture avant de découvrir les arts martiaux, le théâtre gestuel puis la danse, à Paris, dans les années 80. S’il s’affirme comme chorégraphe, son œuvre scénique reste intimement liée aux arts plastiques. Dans Les Philosophes (2001), il relie une installation de « tableaux vidéo », un film et une pièce dansée. Inspiré du Traité des mannequins et de la vie de l’écrivain peintre polonais Bruno Schulz (1892-1942), ce parcours-spectacle sonde l’énigme du vivant et la métaphysique de la matière, confessant dans le travail du corps la besogne d’âmes en quête d’un sens qui les dépasse et qu’il leur faut trouver. En sourdine résonne aussi l’opposition du père et des fils, thématique qui traverse toute l’œuvre de Schulz. « J’ai développé la métaphore en transposant ces relations entre un maître, détenteur de la connaissance, expérience, vérité ou loi, et des disciples qui gravitent fébrilement autour de lui et cherchent son contact. La pièce aborde la question de la confrontation de l’homme à lui-même, à sa propre masculinité, et celle des rapports complexes avec la figure du Père. » se souvient Josef Nadj.

Geste archaïque

Avec Ozoon (2013), il fouille le geste au plus intime pour desceller l’animalité enfouie au cœur de chacun, puisant dans Wilder Mann, ouvrage du photographe Charles Fréger sur un rituel pratiqué en hiver en Europe, qui montre des hommes revêtus de costumes de sauvages. « Les images ont ouvert un chemin de recherche sur la figure du sauvage, que nous avons ensuite poursuivi en une exploration de notre physicalité même et de la transformation. Ces traditions nous sont devenues presque inconnues et renvoient à une condition dont l’urbanité nous a éloignés. Comment retrouver dans notre mémoire enfouie les traces de ces expériences qui nous semblent désormais très lointaines car primitives ? ». Grattant le vernis social pour découvrir les peurs collectives et ancestrales, Josef Nadj réinterprète quelques figures irréductibles de nos monstruosités secrètes. L’exposition, à travers des dessins, des photogrammes, des films et une installation déambulatoire, permet d’appréhender l’univers plastique qui innerve toute son œuvre chorégraphique. Enfin, Elégia, concert imaginé par le saxophoniste de jazz Akosh S. sur le film du hongrois Zoltàn Huszàrik, témoigne de son lien si singulier à la musique. Se dessine ainsi au gré de cette carte blanche le portrait d’un créateur chez qui tout fait signe.

 

Gwénola David

A propos de l'événement

Josef Nadj à la Villette
du lundi 16 juin 2014 au samedi 28 juin 2014
La Grande Halle de la Villette
Porte de Pantin, 75019 Paris, France

Du 16 au 28 juin 2014. Lundi, mardi, mercredi et vendredi à 20h30, le jeudi à 19h30. 16 au 20 juin : Les Philosophes ; 23 au 27 juin : Ozoon et le 28 juin à 20h30 : Elegia. Tél. : 01 40 03 75 75,

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