La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

José Pliya / Cannibales

José Pliya / Cannibales - Critique sortie Théâtre Malakoff Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff
L’auteur et metteur en scène José Pliya. Crédit : DR

Théâtre 71 / texte et mes José Pliya

Publié le 2 janvier 2015 - N° 228

Trois femmes, dans un parc public, font face à la disparition d’un enfant. C’est Cannibales, de l’auteur et metteur en scène José Pliya. Une réflexion sur la perte, la maternité et le vivre ensemble.

Pourquoi avez-vous choisi, aujourd’hui, de revenir à Cannibales, pièce créée, en 2004, par Jacques Martial au Théâtre national de Chaillot ?

José Pliya : La mise en scène de Jacques Martial était une première création. Il m’a semblé que le texte était suffisamment riche pour proposer d’autres variations, d’autres lectures. La mienne, en l’occurrence, participe d’un questionnement obsessionnel qui traverse tout mon théâtre : le vivre ensemble. Un questionnement qui est à la fois politique et métaphysique. Comment faire de la scène ce territoire des origines, ce commencement premier où les hommes et les femmes peuvent s’asseoir, tranquilles, sur le rivage du monde ? Lorsque les corps, froissés par les blessures de l’enfance, n’arrivent plus à s’exprimer, quelle(s) langue(s) faut-il inventer pour se retrouver ? Et même lorsqu’on a trouvé une langue commune, quelle musicalité lui donner pour être certain de ne pas être dans l’incommunicabilité ? Car l’ambition de ce théâtre du vivre ensemble est grande : il s’agit bien de convoquer sur le plateau les vivants et les morts. Dans mon théâtre, Cannibales pose cette question avec fulgurance. 

« Cannibales fonctionne comme un jeu de piste où l’objectif est de se perdre pour mieux trouver sa vérité. »

Vous comparez cette pièce à une enquête métaphysique. Que vise-t-elle à découvrir ?

J. Pl. : Les trois personnages de Cannibales usent du champ lexical du genre policier : crime, mobile, coupable, victime, enquête… Mais tout cela est mis au service d’une autre sémantique, celle de la recherche des causes et des principes premiers de la maternité. Christine (ndlr, interprétée par Lara Suyeux) et Martine (ndlr, interprétée par Claire Nebout), à travers leurs actes, cherchent à résoudre une énigme fondamentale pour la compréhension de notre monde : qu’est-ce que la propriété ? Nicole (ndlr, interprétée par Marja Leena Junker), à travers ses silences, son ironie et sa froide clairvoyance, va proposer aux deux autres femmes un chemin radical et primitif de connaissance. Cela pour trouver leur liberté.

 

A travers quel travail de mise en scène souhaitez-vous mettre en lumière ces trois individualités ?

J. Pl. : On est dans l’univers codifié du roman ou du film noir. La création lumière installe un climat de nuit, de noirceur, d’obscurité expressionniste. L’environnement sonore baigne dans une ambiance de trottoir mouillé, de pluie, d’humidité. L’espace scénographique décline de manière concrète l’esthétique d’une certaine urbanité : celle du dédale, du labyrinthe, de ces villes aux rues sinueuses où l’on se perd malgré les panneaux d’indication. Cannibales fonctionne comme un jeu de piste où l’objectif est de se perdre pour mieux trouver sa vérité.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Cannibales
du mardi 20 janvier 2015 au vendredi 20 février 2015
Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff
3 Place du 11 Novembre, 92240 Malakoff, France

Les mardis et vendredis à 20h30 ; les mercredis, jeudis et samedis à 19h30, les dimanches à 16h. Tél. : 01 55 48 91 00. www.theatre71.com.

Egalement les 12 et 13 février 2015 au Théâtre national du Luxembourg, le 20 février au Théâtre du Passage à Neuchatel.

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