Yvan Loiseau met en scène « Naturellement », une pièce qui questionne notre lien à la nature
L’artiste pluridisciplinaire Yvan Loiseau [...]
Accompagné par Jonathan Capdevielle, le comédien Dimitri Doré crée un spectacle autofictionnel qui part à la découverte de ses origines méconnues. Né en Lettonie, adopté en France à l’âge de 18 mois, il entreprend une traversée nourrie de mythes et métamorphoses qui s’appuie sur les Dainas, courts poèmes populaires lettons.
Comment est né ce projet ?
Jonathan Capdevielle : Je connais Dimitri depuis longtemps. Je l’avais auditionné pour un spectacle autour de Bernanos quand il avait 18 ans. Depuis, il a été le héros de Sans Famille et le Scipion de Caligula, deux de mes mises en scène. Il y a donc longtemps que nous travaillons ensemble. Il a été adopté à 18 mois, quittant la Lettonie pour Reims, et aujourd’hui, à l’âge de 28 ans, Dimitri a ressenti le besoin de remplir un manque, de travailler sur son identité, ses origines et son passé inconnus.
Comment avez-vous procédé pour construire ensemble le spectacle ?
JC. :Nous sommes allés en Lettonie, notamment à Jelgava, ville natale de Dimitri détruite par le feu. Nous avons aussi assisté au Ligo Diena, une fête traditionnelle qui a lieu à la Saint-Jean, au solstice d’été. Les Lettons quittent alors les villes, se retrouvent dans la nature toutes générations confondues et passent la nuit autour d’un feu afin de mettre à l’honneur les dainas, ces brefs poèmes populaires qui donnent son titre au spectacle. Il s’agit de textes de tradition orale, qui parlent de la mémoire, la douleur, l’amour, la nature… Ces écrits ont permis à l’identité lettone de se préserver, malgré les invasions russes successives. Une légende dit qu’à chaque Letton correspond un dainas et Dimitri a trouvé le sien au terme de cette quête identitaire. Dans le spectacle, il chante quelques daïnas traduits en français, qui viennent activer son corps, qui se met alors à raconter mieux que des mots qui est en lui le jeune garçon letton.
Comment se présente cette autofiction ?
JC : Nous avons choisi un dispositif d’arte povera, avec des draps étendus sur des fils, qui évoquent un jardin sans fin, mais aussi le foyer rémois qui a accueilli Dimitri, et d’autres couches de mémoire. Ces draps servent à cacher des objets mais constituent aussi des surfaces de projection de vidéos, comme celles qu’ont tournées les parents adoptifs de Dimitri. Le spectacle traverse la question de l’adoption, du côté de ces derniers, et du côté letton originel. Le récit pluriel convoque de multiples figures de la culture lettone, tel un viking qui se transforme en Klaus Nomi. Il se concentre sur Oleg, héros mythique et personnage viking qui représente les premiers habitants de Lettonie. Ces figures voyagent entre les cultures et les époques, évoquent aussi des réalités intérieures. Ce voyage vers l’intime qui s’échappe dans des dimensions oniriques fabrique une aventure théâtrale pleine de métamorphoses, avec un interprète d’exception.
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h, samedi à 18h, dimanche à 16h, relâche mardi et mercredi. Tel : 01 41 32 26 10
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