Sylvain Creuzevault présente « Edelweiss [France Fascisme] » à partir de figures de la collaboration française des années 1940
Avec huit acteurs et actrices, Sylvain [...]
Une plongée troublante dans Vienne à la veille de la Première Guerre mondiale, entre débats psychanalytiques, réflexions sur l’art et prémices du nazisme.
À l’aube du XXe siècle, Vienne était en ébullition. Dans cette capitale de l’Empire austro-hongrois, dans cette ville cosmopolite et raffinée vivait un nombre impressionnant de talents, particulièrement prolifiques en arts et en sciences. De révolutions esthétiques (la dislocation du langage harmonique en musique par exemple) à la naissance de la psychanalyse, ces ruptures avec l’ordre établi annonçaient peut-être la catastrophe à venir : la Première Guerre mondiale qui allait balayer en quelques mois le vieil empire. Sans parler de l’antisémitisme virulent et des idées politiques aussi fanatiques que malsaines qui circulaient activement. Ce climat en clair-obscur, le psychanalyste et dramaturge Alain Didier-Weill (1939 – 2018) en fait la toile de fond de sa pièce Vienne 1913, parue en 2004. Elle s’ouvre sur les 20 ans de Hitler, un jeune homme « banal » qui vient d’échouer à l’École des Beaux-arts de Vienne et vend ses dessins dans la rue, tandis qu’un autre jeune homme, l’aristocrate Hugo von Klast, se fait psychanalyser par Freud en personne pour tenter de soigner sa phobie antisémite sur les conseils de Jung, un ami de la famille.
Une rhapsodie-opéra
Si en 1909-1913, Hitler n’est pas encore le dictateur que l’on sait, ses frustrations et l’antisémitisme qu’il développe en ces années-là vont devenir le creuset de ses théories funestes. Comme l’expliquait Alain Didier-Veill, loin de lui la « volonté de psychanalyser Hitler », mais tenter de comprendre comment « brusquement la réalité s’ordonne, autour d’une explication univoque, qui est l’antisémitisme ». Sur scène, neuf comédiens incarnent les 23 personnages de cette œuvre chorale où l’on reconnait Hitler, Klimt, Freud ou Jung. Jean-Luc Paliès, qui avait déjà monté la pièce dans une adaptation plus longue, a voulu composer son spectacle comme une « rhapsodie-opéra » où la musique tient une place aussi importante que le texte. Ainsi, les réminiscences mahlériennes, chantées en live, se mêlent aux sons de la musique sur verre, évoquant la Nuit de cristal ou les lustres des salons viennois. Sur un plateau sobrement décoré, nimbé de lumière bleue, se déploie l’atmosphère troublante de cette Vienne au double visage, d’où la « bête immonde », pour reprendre l’expression de Brecht, va bientôt surgir.
Isabelle Stibbe
du jeudi au samedi à 21h, les samedis et dimanches à 16h30. Tél : 01 48 08 39 74. Durée : 1h30.
Avec huit acteurs et actrices, Sylvain [...]
Pièce lauréate de l’Aide à la création [...]
Artiste associé au T2G, Jonathan Capdevielle [...]