La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Je pense à Yu

Je pense à Yu - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre Artistic Athévains
Crédit photo : Jean-Louis Fernandez Légende photo : Marianne Basler dans Je pense à Yu

Théâtre Artistic-Athévains / de Carole Fréchette / mes de Jean-Claude Berutti

Publié le 2 juin 2013 - N° 210

Jean-Claude Berutti met en scène Je pense à Yu, de Carole Fréchette : un spectacle en forme de thérapie de groupe, aux effets psychologiques un peu forcés et au traitement assez caricatural.

« Je pense à Yu se situe au cœur de la question qui me hante comme auteur : comment parler du monde sans faire abstraction de soi ? Comment parler de soi sans oublier le monde ? », écrit Carole Fréchette à propos de cette pièce où se croisent grande et petites histoires. Madeleine lit dans le journal un entrefilet à propos de la libération du journaliste chinois Yu Dongyue, qui après dix-sept ans passés en prison pour avoir jeté de la peinture rouge sur un portrait de Mao, a recouvré la liberté, mais perdu la raison. Obnubilée par ce destin brisé, Madeleine s’enferme chez elle pour enquêter sur l’histoire de Yu et de ses camarades, également condamnés pour ce geste, à la fois anodin et symboliquement très fort. Dans sa retraite, arrivent Jérémie, un homme qu’elle ne connaît pas, et Lin, une jeune immigrée chinoise, à qui elle donne des leçons de français. Peu à peu, le proche finit par avoir raison du lointain, et les vivants règlent leurs comptes avec leurs fantômes.

Un espace de jeu intéressant mais mal investi

Jean-Claude Berutti confie les rôles de ces trois solitudes réunies autour de la mémoire des événements chinois de 1989 à Marianne Basler, Yilin Yang et Antoine Caubet. Marianne Basler campe une Madeleine narcissique et capricieuse, qui joue de la patience et de la bonne volonté des deux autres avec un égoïsme peu sympathique, que la comédienne ne parvient pas à rendre touchant. Face à elle, Antoine Caubet est un Jérémie massif, à la fois pataud et blessé, enfermé dans la solitude d’un altruisme finalement aussi insensible que l’égocentrisme de Madeleine. Entre les deux, Yilin Yang est la seule à véritablement offrir à son personnage, la jeune Lin, une profondeur émouvante. La scénographie de Rudy Sabounghi aménage différents espaces de jeu, et offre, par la projection centrale des recherches de Madeleine sur Internet, une intéressante illustration du vide existentiel de ces personnages, qui ne vivent que par traces interposées (pour Madeleine, celles de son écriture passée et de son enquête électronique sur Yu ; pour Jérémie, celles des dessins de son fils autiste ; pour Lin, celles de la correspondance avec sa mère, demeurée en Chine). Reste que le traitement à la psychologie brutale des atermoiements sentimentaux des personnages, entre cris et tremblements, ne parvient pas à les rendre complètement crédibles, ni franchement éloquents.

Catherine Robert

A propos de l'événement

Je pense à Yu
du mardi 14 mai 2013 au dimanche 30 juin 2013
Théâtre Artistic Athévains
45bis, rue Richard-Lenoir, 75011 Paris

Du 14 mai au 30 juin 2013. Mardi à 20h ; mercredi et jeudi à 19h ; vendredi et samedi à 20h30 ; dimanche à 16h. Tél. : 01 43 56 38 32. Durée : 1h50.
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