Je demande la route

Avant d’arriver sur scène et au micro de France Inter, où elle tient des chroniques humoristiques régulières, Roukiata Ouedraogo a fait bien des choses. Arrivée en France à l’âge de vingt ans avec le désir d’étudier le stylisme, elle passe par toutes sortes de métiers avant de rencontrer le théâtre. Elle cherche sa place. Tente de s’adapter sans renier sa culture ni sa personnalité haute en couleurs. Sans renoncer à son humour volontiers rentre-dedans, mais aussi d’une grande tendresse. Écrit et mis en scène avec Stéphane Eliard, avec la collaboration du comédien et humoriste Ali Bougheraba, Je demande la route raconte cet itinéraire semé d’embûches.

Rire de combat

Roukiata, « Rouki » pour les intimes, remonte à son enfance. Comme dressée sur ressorts, un large et délicieux répertoire de mimiques à sa disposition, la comédienne joue la gamine malicieuse forcée de faire des kilomètres à pied pour aller à l’école. Et d’endurer des épaisseurs de vêtements pour rendre inopérante la chicote généreusement distribuée par le maître. Une introduction à l’image de l’ensemble du spectacle. Pleine d’autodérision. Sans misérabilisme malgré les peines relatées. Inventive dans sa manière de s’approprier le genre du seul en scène initiatique, Roukiata Ouedraogo balaie les clichés sur l’Afrique à coups de proverbes connus et de son cru.

Anaïs Heluin