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Théâtre - Critique

J’attends que mes larmes viennent par Kamel Abdessadok

J’attends que mes larmes viennent par Kamel Abdessadok - Critique sortie Théâtre Paris Le Monfort Théâtre
Kamel Abdessadok dans J’attends que mes larmes viennent. Crédit : Christophe Raynaud de Lage

Le Monfort Théâtre / texte de Kamel Abdessadok / mise en scène Kamel Abdessadok et Anne-Elodie Sorlin

Publié le 12 janvier 2022 - N° 295

L’auteur et comédien Kamel Abdessadok présente J’attends que mes larmes viennent au Monfort Théâtre. Co-mise en scène avec Anne-Elodie Sorlin, cette suite de sketchs autofictionnelle fait jouer les rouages de l’humour sans parvenir à enclencher ceux de l’émotionnel.

Il est entré dans l’univers de la scène par l’improvisation théâtrale, s’est formé au clown, a fondé la compagnie Matière Première avec laquelle il a créé Soupe Sound System et Black Swann Revival And The Karma People. Il a ensuite travaillé avec Alain Gautré et François Fehner, avant de rejoindre la grande aventure des 26000 Couverts (compagnie de théâtre de rue fondée à Dijon, en 1995, par Philippe Nicolle et Pascal Rome). Aujourd’hui, sous le regard complice de la comédienne et metteuse en scène Anne-Elodie Sorlin (ancienne membre des Chiens de Navarre), Kamel Abdessadok présente son premier seul-en-scène, J’attends que mes larmes viennent, au Monfort Théâtre. Inspiré des paroles d’une chanson du groupe Niagara (Pendant que les champs brûlent), le titre de ce spectacle à sketchs nous replonge dans les années 1980, années de jeunesse de l’interprète dont quelques emblèmes jalonnent la représentation : une mobylette Motobécane, une cabine téléphonique, une interprétation du Grand Sommeil d’Etienne Daho, une imitation de Mickael Jackson exécutant son légendaire moonwalk, une évocation de la Marche des beurs, manifestation nationale pour l’égalité et contre le racisme qui relia Marseille à Paris en 1983.

La légèreté comme politesse

J’attends que mes larmes viennent commence par le témoignage d’une plante verte en plastique, accessoire de théâtre qui relate son mal être et celui de ses semblables (table basse d’origine scandinave, micro sur pied, costume de mouche…), objets laissés à leur solitude sitôt les projecteurs éteints. Puis Kamel Abdessadok incarne une série de personnages, doubles scéniques qui se lancent dans des saynètes humoristiques illustrant de manière plus ou moins explicite la condition faite aux personnes d’origines magrébines dans la France d’hier et d’aujourd’hui. Il y a beaucoup de bonne humeur dans cette suite de tableaux imaginaires qui engagent l’histoire intime du comédien en cherchant à la rendre universelle. Il y a aussi du talent et de la sensibilité. Désarmante, la gaieté communicative de Kamel Abdessadok, tel un filet de sécurité, nous tient loin d’une forme de gravité ou de profondeur émotionnelle. On le regrette parfois. D’autant que l’écriture du spectacle s’affaisse par moments. Comme une politesse faite aux publics, la légèreté de cette proposition essentiellement performative en est également la limite : les larmes ne nous viennent pas.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

J’attends que mes larmes viennent par Kamel Abdessadok
du jeudi 6 janvier 2022 au samedi 15 janvier 2022
Le Monfort Théâtre
Le Monfort Théâtre, Parc Georges-Brassens, 106 rue Brancion, 75015 Paris

à 20h30. Durée de la représentation : 1h15. Tél. : 01 56 08 33 88. www.lemonfort.fr

Egalement le 21 janvier 2022 aux Passerelles – Scène de Paris Vallée de la Marne, le 29 janvier au théâtre de Chelles, le 18 février au Centre culturel Jean-Vilar à Champigny-sur-Marne, le 15 mars au Théâtre Le Rex à Sourdeval.

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