Dans l’écrin du Domaine d’O, Le Printemps des Comédiens se déploie à Montpellier
Festival phare du paysage théâtral, Le [...]
Très belle scénographie, mise en scène au cordeau, interprétation de haut vol : Wonnangatta offre un beau portrait masculin en diptyque au service d’un thriller aux allures de road trip métaphysique.
Cousins des personnages d’Hemingway ou de Faulkner, entre angry young men, pour le style simple et direct, et clowns beckettiens, pour la quête absurde et la chevauchée vers le néant, Serge Hazanavicius et Vincent Winterhalter sont fichés en scène comme leurs personnages le sont dans la simplicité rustique de leur existence. Le colérique et le flegmatique, le clown blanc et l’auguste, l’audacieux et le froussard : les deux comédiens jouent avec souplesse et finesse ces deux figures que tout oppose mais que réunit l’enquête sur la mort de leur copain Jim, retrouvé enterré jusqu’au cou au bord de la rivière, la tête nettoyée par l’appétit des bêtes sauvages. Harry soupçonne Bamford, le valet de ferme qui s’est volatilisé, d’avoir fait le coup. Il entraîne Riggall dans sa traversée du bush australien, pour aller demander des comptes à l’assassin, et peut-être lui régler son compte, même si Riggall le trouillard fait tout pour retenir son impétueux compagnon.
A la vie, à la mort
La langue rude et sèche d’Angus Cerini, remarquablement traduite en français par Dominique Hollier, mêle dialogue et récit, et fait apparaître les paysages austères que traversent les deux justiciers. Caty Olive et Jacques Vincey ont imaginé une magnifique scénographie pour servir le propos, faisant naître, de manière extrêmement ingénieuse, les différents tableaux de cette enquête qui est un parcours initiatique autant qu’une recherche de l’ami perdu. Le chien de Jim, les œufs brouillés au lard qui grésillent dans la poêle, la cabane où se planque Bamford, les fourrés, les broussailles, la neige, le vent surgissent à mesure que le texte les nomme, par la puissance évocatrice du jeu que les deux comédiens maîtrisent en athlètes, et par le très beau travail de Caty Olive à la lumière et d’Alexandre Meyer à la musique. La mise en scène de Jacques Vincey, intelligente et précise, comme à son habitude, fait de chaque geste et de chaque déplacement une nécessité : rien de superflu, aucune afféterie, aucune coquetterie, aucune facilité dans le déroulement du drame qui se noue entre ces hommes dont le cœur commande à la tête et dont le corps manifeste les atermoiements de l’âme. Un spectacle beau et profond, servi par des comédiens inspirés et sidérants de justesse.
Catherine Robert
Du lundi au vendredi à 19h ; le samedi à 16h30 et 20h ; relâches les 14, 15 et 18 mai. Tél. : 01 40 31 26 35. Dès 15 ans. Durée : 1h30.
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