Qui a peur de Virginia Woolf
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Créé en 2010 au Théâtre de la Tempête, Impasse des Anges déploie les multiples possibles des relations intimes et sexuelles. Auteur et metteur en scène de ce spectacle repris au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Alain Gautré revient sur cette « comédie noire dont le sexe serait le masque »
« Impasse des anges n’est pas qu’un spectacle sur le sexe. C’est aussi un spectacle sur le politique. Car si nous avons tous un rapport au politique qui se traduit dans la vie sociale, il y a également du politique dans la sexualité. Il y a des rapports de force, des tensions, des malentendus… Beaucoup de choses peuvent être racontées sur les êtres humains, si l’on considère la sphère intime. J’ai écrit des pièces qui traitent de tas de sujets : des méfaits du haut pouvoir de la droite, ou de la gauche, de la misère, de l’extrême droite, de la paysannerie… Ce qui m’intéresse, c’est la comédie humaine. C’est d’essayer de voir comment les humains se débattent au milieu de toutes les contradictions qui fondent leur existence depuis l’aube des temps. Le fil conducteur d’Impasse des anges est incarné par le personnage de Douce, une jeune femme qui a l’air de vivre dans une grande liberté sexuelle. Mais on comprend, peu à peu, que les choses ne sont pas aussi simples que ça… Malgré la crudité du texte, les protagonistes du spectacle ne tombent jamais dans une forme d’impudeur, de mise à nu physique.
Comment faire pour être ensemble ?
Ce sont les mots qui font corps et non le corps des acteurs – acteurs qui se succèdent, chacun assis sur une chaise, face au public, deux par deux. Ils ne se regardent pas, mais vivent les situations dans lesquelles les plonge le texte. Très vite, l’idée du plateau nu s’est imposée à moi. Car c’est ce qui permet le mieux, je crois, de renforcer la solitude des êtres qui se croisent dans ma pièce. La vacuité des relations de ces couples d’un soir ou d’une vie, qui font l’amour pour la dernière ou la première fois, résonne de façon particulière au sein d’un espace nu. Ce que j’essaie de raconter à travers ça, c’est un problème de civilisation. Comment, entre frères humains, peut-on arriver à vraiment se rencontrer ? On n’a qu’une seule planète, d’une certaine façon on n’est donc qu’un seul corps, même si on s’est divisés en tribus… Mais comment fait-on pour être ensemble ? C’est ça la question centrale d’Impasse des anges, un spectacle qui se réinvente aujourd’hui, avec la même troupe de comédiens que lors de la première création, il y a un peu plus de cinq ans. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au samedi à 20 h30, le dimanche à 16h. Relâches les mardis. Durée: 1h40. Tél. : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com
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