Hugues Dufourt

La musique d’Hugues Dufourt et ses titres sont pétris de références picturales bien plus souvent que musicales. L’Asie d’après Tiepolo, L’Origine du monde (d’après Courbet) et Les Chardons d’après Van Gogh sont ainsi au programme du concert que donne, en clôture de ce cycle-portrait, l’Ensemble intercontemporain dirigé par son nouveau chef Matthias Pintscher. Cette dimension de « musée imaginaire » que le compositeur donne à son œuvre est pleinement revendiquée : cette « mise en image sonore » est pour Hugues Dufourt une façon d’accorder la prééminence à la couleur, au timbre. Voyage par-delà les fleuves et les monts, son œuvre pour grand orchestre la plus récente, créée à Nice en 2010, offre une incessante succession de climats, où l’oreille ne se perd que pour découvrir chaque fois une autre image orchestrale, comme l’œil qui contemple la peinture chinoise du xi^e siècle, qui a inspiré le compositeur. Michel Tabachnik, à la tête du Brussels Philharmonic, accompagne le chef-d’œuvre Images pour orchestre de Debussy (ainsi que sa Rhapsodie n°1 avec la clarinettiste Sabine Meyer), esquissant une filiation évidente, qui se ressent aussi dans la musique pour piano (Erlkönig, que François-Frédéric Guy rapproche des Préludes, livre II de Debussy). Également programmés : les deux quatuors d’Hugues Dufourt par leur dédicataire, le Quatuor Arditti (en regard, bien sûr, du Quatuor de Debussy), ainsi qu’une création de Lucia Ronchetti (née en 1963), Le Palais des silences : un titre que Debussy avait choisi pour une œuvre jamais écrite.

Jean-Guillaume Lebrun