(V)îvre, Cirque en fanfare, Conception Circa Tsuica
Critique
En tournée / Agora-SN Essonne et Pôle régional Cirque Le Mans / Conception Circa Tsuica
Publié le 26 septembre 2021
Avec 12 artistes au plateau, Circa Tsuica, la fanfare cirque du Collectif Cheptel Aleïkoum, tente de faire entrer la ville dans le chapiteau. Sans réussir à donner consistance à cette intention.
Pour le Cheptel Aleïkoum, le cirque se vit en partage avec les hommes et les femmes qui l’entourent. En particulier avec les habitants de Saint-Agil, petite commune du Loir-et-Cher qui accueille depuis 2004 la dizaine d’artistes professionnels qui composent le collectif, issu de la quinzième promotion du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Née au sein de cette aventure, la fanfare circassienne Circa Tsuica crée des spectacles qui en témoignent d’une manière bien reconnaissable : à travers une combinaison de musique et d’acrobatie réalisée avec des instruments et des techniques simples. Des vélos et des trapèzes surtout, que l’on retrouve dans leur nouvelle pièce, (V)îvre, créée en septembre lors du Village de Cirque à Paris. Comme dans son fameux Repas, qui a réjoui des convives de toute la France et d’ailleurs de 2011 à 2016, ou dans Maintenant ou Jamais (2014), Circa Tsuica assume pleinement son côté populaire et bon enfant. Loin de chercher à réduire au maximum la part spectaculaire de son travail – phénomène courant parmi les compagnies qui se revendiquent du nouveau cirque –, la fanfare y va à fond. Elle sort une nouvelle fois son attirail de tambours, de caisses ou encore de trompettes, qu’elle utilise autant comme des instruments que comme des agrès. On a d’abord plaisir à retrouver tous ces éléments d’une identité bien trempée. On s’attend à une fête qui, hélas, ne vient jamais vraiment.
Une ivresse à distance
« Faisons entrer la rue sous le chapiteau, le mouvement, l’imprévu, la vie ! », disent les musiciens et acrobates dans leur note d’intention de (V)îvre. Mais le cow boy fouetteur, la cycliste amoureuse, la pin-up aérienne, le frimeur as de la bascule et les autres figures qu’ils incarnent ne sont pas à la hauteur de l’ambition. Caricaturaux mais sans démesure, les protagonistes se livrent à toutes sortes de petites scènes qui, au lieu de conduire à l’ivresse promise par le titre du spectacle, ont tendance à lui faire obstacle. S’ils avaient jusque-là réussi à éviter cet écueil, les membres de la fanfare abordent la question du « vivre ensemble » d’une manière trop littérale pour laisser place aux débordements attendus. Il faut dire que le contexte sanitaire actuel, qui a empêché tout mélange entre artistes et spectateurs, n’a pas été favorable aux excès tels qu’aime à les pratiquer Circa Tsuica. Peut-être qu’à nouveau la compagnie pourra partager le manger et le boire comme elle le fait dans la plupart de ses pièces. Car lorsqu’elle est privée d’une partie de son langage habituel, elle peine à réaliser son exploration de tous les enivrements.
Anaïs Heluin
A propos de l'événement
(V)îvre, Cirque en fanfaredu mardi 19 octobre 2021 au jeudi 21 octobre 2021
L’Agor-Scène nationale de l’Essonne
place de l’Agora 91000 Evry
Rens 0160916565/ www.scenenationale-essonne.com Pôle National cirque du Mans les 29 et 30 octobre à 20h30, dim 31 octobre à 16h30, sous chapiteau, promenade Newton, 72000 Le Mans. Tout public. Places : 4 à 8 €. Durée : 1h30. Tél : 02 43 47 45 54.