Vague intérieur vague de Julie Nioche
L’Embarcadère / Chor. Julie Nioche
Critique
Publié le 26 février 2020
Dans sa nouvelle création, à voir aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, Julie Nioche sonde nos imaginaires.
Il y a des feux d’artifice puis ces cinq interprètes simplement vêtus de longs tee-shirts noirs qui se déplacent en essaim, s’imitent avec jubilation, battent des bras comme s’ils avaient des ailes. Il y a, arrimée aux cintres, une énorme installation tubulaire, lustre monumental, divinité troublante, pieuvre ou araignée. Régulièrement de la fumée s’extrait de ses cinq bras mouvants : brouillard enveloppant ou nuage toxique. Notre petite humanité se fait tribu, secte implorant son maître céleste ou voyageurs embrumés dans des vapeurs d’opium. Il y a cette drôle de créature en mini-jupe écossaise, visage cagoulé de blanc, un énorme ballon orange en guise de bouche, cette veuve joyeuse soulignée de guipure, cette femme au corps enduit de peinture noire qui après une course folle atteint l’orgasme. Il y a cet homme-loup qui cherche l’envol mais chute. Il y a un petit chaperon rose fluo, des jeux d’enfants et des pétards clac doigt. Il y a dans Vague intérieur vague toute une fantasmagorie qu’accompagnent sur scène la voix de Sir Alice et la guitare d’Alexandre Meyer.
Identités multiples
Danseuse, chorégraphe et ostéopathe, Julie Nioche poursuit avec cette création son travail sur le corps sensible. S’appuyant sur le Mouvement Respiratoire Primaire, elle cherche à faire jaillir « les imaginaires qui construisent nos identités multiples », qu’ils soient individuels ou archétypaux. Dans la lignée de ses précédentes pièces, elle réalise ici un fin et beau travail sur le mouvement. Las, si certaines scènes, d’une grande beauté, accrochent le regard autant que l’intérêt, on finit par s’égarer un peu dans ces méandres, entre rêves et cauchemars, de la psyché humaine.
Delphine Baffour
A propos de l'événement
Vague intérieur vague de Julie Niochedu jeudi 19 mars 2020 au vendredi 20 mars 2020
L’embarcadère, 5 rue Édouard Poisson, 93300 Aubervilliers.
Tél : 03 88 35 70 10. Le 6 juin à 17h30 et le 7 juin à 15h30.
Tél. 01 55 82 08 01. Durée : 1h. Dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis.
Spectacle vu au Lieu Unique, Nantes, dans le cadre du festival Trajectoires.
Également les 19 et 20 mars au TJP, CDN de Strasbourg dans le cadre des Giboulées, le 28 novembre au Vivat, Armentières, le 5 décembre au Théâtre de Brétigny.