La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Visages de la danse 2020

Thierry Malandain

Thierry Malandain - Critique sortie
© Olivier Houeix La Pastorale

Critique
En Tournée / Chorégraphie Thierry Malandain

Publié le 26 février 2020

La Pastorale de Thierry Malandain, un périple magnifique et poignant

Entre Arcadie rêvée et réel accablant, Thierry Malandain et ses 22 danseuses et danseurs proposent un périple magnifique et poignant. 

Que d’émotions et de beauté dans le dernier opus de Thierry Malandain ! Superbement inventive, l’écriture traverse une histoire humaine tout en tensions et contrastes qui se déploie entre désir de beauté et douleur de vivre, entre le rêve d’un monde harmonieux et la réalité d’une vie sans horizon. Sobre et efficace, la scénographie enferme d’abord les danseurs dans un dispositif de multiples carrés en tubes de métal, permettant de mettre en jeu des mouvements millimétrés d’une grand force expressive, entre renversements abrupts et élans fugaces. Lorsque le dispositif s’élève et disparaît dans les cintres, c’est tout l’élan joyeux et lumineux du rêve qui apparaît. A l’unisson de la Symphonie Pastorale de Beethoven, qui ressuscite une Arcadie antique sereine et confiante, le chorégraphe fait référence à l’Antiquité grecque comme espace de rêve et d’idéal, où se libèrent des mouvements fluides et affirmés. L’écriture s’articule autour d’une figure centrale, objet de l’attention et sujet du périple, qui s’élance vers le rêve et s’avance vers la mort. Sorte de double du chorégraphe, ce personnage romantique est dansé par Hugo Layer avec une précision et une assurance époustouflantes, qui laissent transparaître en filigrane une sorte de fragilité.

Saisissants contrastes

Intemporelle, quasi abstraite, la danse exprime ici magnifiquement les poignants paradoxes de l’humain, des duos jusqu’aux mouvements d’ensemble. Les costumes sont superbes. De saisissants contrastes empoignent l’existence, entre la tristesse d’une vie réglée par de stériles automatismes, le corps ployé et le regard figé au sol, et le pur bonheur d’envolées qui emportent et galvanisent, bras tendus. Thierry Malandain et ses 22 danseuses et danseurs évoquent une fois de plus l’humaine condition dans son essence, et leur partition est pleinement réussie. L’art n’est ici ni l’illustration d’une intention, ni le reflet d’une conviction, ni la traduction d’une narration. Au-delà de la surface des choses, la danse acquiert plutôt une dimension spirituelle qui contre la petitesse et la tristesse du monde. Façonnée avec science et patience, elle révèle une beauté qui serre le cœur et nourrit l’esprit.

Agnès Santi

A propos de l'événement

La Pastorale de Thierry Malandain


En tournée. Au Théâtre de Chartres le 10 mars, à Pordenone en Italie le 24 mars, au Théâtre La Coupole à Saint-Louis (68) le 2 avril, à San Sebastian au Pays Basque espagnol les 17 et 18 avril, à Viersen en Allemagne les 21 et 22 avril, aux Gémeaux à Sceaux du 24 au 26 avril, à la Gare du Midi à Biarritz les 2 et 3 mai, à l’Opéra de Reims les 30 et 31 mai, à Anvers en Belgique les 20 et 21 juin.

Spectacle vu en avant-première à la Gare du Midi en octobre 2019.  Durée : 1h10.

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