La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Le Cirque contemporain en France

Recherche et formation : une question d’équilibre

Recherche et formation : une question d’équilibre - Critique sortie
Dernier ouvrage paru : Image (à suivre), Bayard (2011). Crédit : SILEKS Légende : Gérard Fasoli, directeur du CNAC

Publié le 11 novembre 2014

Gérard Fasoli a été nommé à la tête du Centre National des Arts du Cirque en 2012. Il nous livre sa vision des missions du CNAC ainsi que les questions posées par la formation dans un contexte global.

Quel regard posez-vous sur la formation en France aujourd’hui ?

Gérard Fasoli : Je dirais d’abord que la formation se pense de façon plus large, car elle balaye l’Europe et même au-delà, avec en France deux écoles supérieures, l’Académie Fratellini et le CNAC, et en Europe des écoles en Hollande, Belgique, Finlande, Suède, Angleterre, et plus loin, en Australie et à Montréal au Québec. D’autres écoles en France sont en partie financées par le ministère de la Culture pour être préparatoires, et également par les régions dans le cadre de la formation professionnelle. Il y a une donc une ambiguïté dans leurs engagements, qui répondent à la mission préparatoire donnée par le ministère, et aussi à des missions professionnalisantes à travers les financements des collectivités.

« La formation se pense de façon plus large, car elle balaye l’Europe et même au-delà. »

A quels endroits avez-vous voulu remanier le projet du CNAC ?

G. F. : Ses missions regroupent la formation, l’aspect ressources et la recherche. J’ai vraiment voulu revaloriser la recherche et la formation continue, et faire en sorte que le CNAC, dans son entièreté, devienne un terrain d’observation. Nous voulons relier tous ces volets avec notre cœur de métier, et favoriser la recherche dans divers champs, sur l’agrès, sur l’hygiène, sur la notation du mouvement, sur l’égalité entre les hommes et les femmes… Et puis, il s’agit de remettre les techniques du cirque au cœur de l’enseignement, et de confier les spectacles collectifs à des artistes de cirque, car nous avons la chance d’avoir des auteurs !

Comment la formation joue-t-elle sur cette tension entre artiste technicien de cirque et auteur ?

G. F. : Le DNSP est un diplôme d’artiste interprète. C’est très complexe, parce que les étudiants doivent développer des travaux de recherche personnels, qui les positionnent comme auteurs. Il faut faire attention, quand on veut les pousser sur la technique, à ne pas laisser l’être artistique de côté. Les circassiens ne sont pas des porteurs de costumes. C’est ce qu’ils font au Cirque du Soleil : ils prennent des sportifs de haut niveau, ils les maquillent et leur donnent un beau costume. La difficulté, pour nos étudiants qui sont très doués techniquement, c’est de ne pas tomber dans ce travers-là. Tout est question d’équilibre et c’est là que la formation intervient et joue un rôle important. Au même titre qu’à un moment il faut les tempérer sur la question de la dramaturgie sur scène…

Quel recul avez-vous sur les parcours des diplômés ?

G. F. : Je pense qu’avec cette formation, ils peuvent faire beaucoup de choses. On l’a vu avec de beaux développements de carrière, comme Mathurin Bolze qui a dansé avec Nadj et Verret, ou les Mosjoukine qui ont su appréhender la dimension théâtrale. Tout est possible pour eux, du moins je l’espère, même si ce n’est peut-être pas tout de suite en sortant de l’école que les parcours s’affirment et mûrissent. Quand la question de fonder sa propre compagnie se pose, les choses peuvent être difficiles car cela demande une autre forme de structuration que de devenir porteur de projet et de gérer de l’argent public. Le marché a changé. Maintenant, de nombreux artistes sortent des écoles, notamment Stockholm et Montréal. Le panorama se doit d’être global, car le cirque n’a pas de frontières.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

 

Centre National des Arts du Cirque, 1 rue du Cirque, 51000 Châlons-en-Champagne. Tél : 03 26 2112 43. www.cnac.fr

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le spectacle vivant

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le spectacle vivant