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Les hauts plateaux de Mathurin Bolze

Les hauts plateaux de Mathurin Bolze - Critique sortie  Bobigny MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
© Christophe Raynaud de Lage Les Hauts Plateaux

Entretien Mathurin Bolze
MC93 puis tournée / conception Mathurin Bolze

Publié le 3 octobre 2020

Sept acrobates se jouent de l’apesanteur tout en explorant la notion de ruine. Ce sont Les hauts plateaux, la dernière création de Mathurin Bolze. Tout un monde d’envolées corporelles et de fulgurances poétiques.

Quels territoires artistiques et thématiques éclairez-vous à travers Les hauts Plateaux ?

Mathurin Bolze : Je suis parti de la notion de ruine, de vestige sur lequel on peut reconstruire. Cette idée me plaît. Elle est en lien avec la façon dont je perçois le monde. En m’inspirant de cette thématique, j’ai imaginé une création qui effectue des sauts dans le temps, qui fait coexister des époques, même si mon style d’écriture se situe, comme toujours, davantage dans l’évocation d’univers, de paysages, que dans une forme de narration précise et documentaire. De manière tout à fait empirique et intuitive, je rejoins les recherches de l’anthropologue américaine Anna Tsing qui, dans son ouvrage intitulé Le Champignon de la fin du monde, parle de la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme.

« Pour moi, la scène est un espace de projection qui vise l’harmonie. »

Ce spectacle est donc comme un champ d’expérimentation de paysages au sein desquels vous auscultez des possibilités de vie…

M.B.: Exactement. Nous explorons les interactions possibles entre une géographie, des espèces, des personnalités… Nous nous appliquons à créer les conditions de l’émergence de la vie de plateau que je cherche à créer. La question de la ruine, très vite, nous amène à envisager ce qui perdure à travers elle. Qu’est-ce qu’il nous reste lorsque le bâti et les fondations s’effondrent ? Il nous reste les émotions et les sensations humaines qui, elles, traversent le temps : l’amour, la solidarité, la peur, le rire, le vertige…

 Est-ce pour vous une façon d’accéder à l’universalité, à la permanence ?

M.B.: Oui. C’est aussi une façon d’être un témoin, un passeur, de vibrer et de restituer cette vibration en essayant de l’amplifier. Pour moi, la scène est un espace de projection qui vise l’harmonie. Ce qui ne veut pas dire que les choses doivent être gaies ou joyeuses, mais qu’elles doivent être à leur place, qu’elles doivent s’embrasser dans une forme d’équilibre. On peut ainsi parvenir à assembler ce qui paraissait disjoint, à coordonner les sources et les influences disparates qui nous constituent. L’imaginaire artistique permet cela : relier des choses plus grandes que soi, leur donner la cohérence d’une lecture subjective et aboutir à une poétique de l’image, de la musicalité des corps, de l’humanité des présences.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Les hauts plateaux de Mathurin Bolze
du vendredi 2 octobre 2020 au samedi 10 octobre 2020
MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
9 boulevard Lénine, 93000 Bobigny

à 20h,

samedi à 18h, dimanche à 16h, le 8 octobre à 15h30, relâche lundi et mardi. Tél : 01 41 60 72 72. Durée de la représentation : 1h15. Entretien réalisé en novembre 2019 pour la création à Elbeuf.

Egalement les 16 et 17 octobre au Parvis - scène nationale Tarbes Pyrénées, les 6 et 7 novembre au Cratère d’Alès, les 13 et 14 novembre au Kiasma / Castelnau-le-Lez, les 2 et 3 décembre au Théâtre Angoulême – scène nationale, du 7 au 13 décembre au Théâtre de la Cité – Toulouse, du 6 au 9 janvier au Grand T à Nantes, les 14 et 15 janvier au Quai - CDN Angers Pays de Loire, les 28 et 29 janvier 2021 au Moulin du Roc - scène nationale Niort,  etc. Dates jusqu’en juin 2021 sur le site mpta.fr

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