La saison classique en France - 2009
L’électron libre de la clarinette
Classique, jazz, contemporain, klezmer… Samuel Berthod aborde tous les répertoires. Ce clarinettiste (et compositeur) français, vivant entre Paris et l’Australie, possède un jeu des plus communicatifs, doublé d’un esprit magnifiquement ouvert à la rencontre artistique.
Quel a été votre parcours ?
Samuel Berthod : J’avais seize ans quand on m’a proposé de jouer en concert le Quintette avec cordes de Weber. Au début, je rechignais. Puis, j’ai accepté et ce fut un triomphe. Cela a été le déclencheur de toute la suite. Mon mentor a été Alain Damiens, soliste de l’Ensemble intercontemporain, avec qui j’ai étudié au Conservatoire d’Aubervilliers. Ce que j’aime chez lui, c’est son engagement total. Je lui dois tout ! Je ne suis pas passé par le CNSM, ce qui m’a souvent rendu les choses plus difficiles. Je suis allé me perfectionner en Allemagne auprès d’Armin Ziegler, clarinettiste à l’Orchestre de la Radio de Francfort, où j’ai appris la technique de la clarinette allemande.
« J’aime aussi bien enregistrer avec Cesaria Evora que jouer les sonates de Brahms. »
Qu’est-ce qui vous séduit dans la clarinette ?
S.B. : Elle peut tout faire ! Ce n’est pas pour rien que les plus grands compositeurs ont écrit pour la clarinette : Vivaldi, Mozart, Brahms, Debussy… Son ambitus est le plus large de la famille des bois. Sa palette de dynamique est très ample, allant de murmures où l’on devine à peine le son à des fortissimos qui peuvent dépasser quarante violons. Sa souplesse est particulièrement appréciée dans la musique contemporaine. Enfin, c’est un instrument pratique : on la met dans un sac !
Vous êtes un vrai musicien "de traverse", passant de Mozart au klezmer. D’où vous vient un tel appétit des répertoires ?
S.B. : Quand j’ai commencé, le milieu musical était hermétique. Il n’acceptait pas qu’un même musicien puisse jouer du freejazz, du classique et du klezmer. Mais j’ai toujours été animé par un sentiment d’ouverture. C’est pour cette raison que j’aime aussi bien enregistrer avec Cesaria Evora que jouer les sonates de Brahms. Je fais aussi beaucoup de créations avec de jeunes compositeurs, notamment dans le cadre de l’Ircam. J’aime improviser dans toutes les musiques, d’après Mozart ou avec des musiciens du Sahara. Enfin, je compose : j’ai écrit une symphonie, un concerto pour clarinette klezmer, un concerto pour piano et une musique de film pour le Japon.
Vous travaillez régulièrement à l’autre bout de la planète…
S.B. : J’aime le dépaysement total, ne pas rester dans le microcosme parisien. Dans ces destinations lointaines, je fais des rencontres exceptionnelles. Aux Seychelles, j’enseignais à l’école française. Et en Australie, à peine arrivé, je faisais déjà des live en jazz pour la radio. Ce que je cherche, c’est transmettre un message de joie, de solidarité.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
Sélection discographique :
– « Djoïka », musiques klezmer et tzigane. Z Production.
« Samuel Berthod fait souffler dans ce disque un enthousiasmant vent venu de l’Est. Un jalon essentiel du parcours de ce musicien-voyageur » J.L.
– Samuel Berthod vient aussi de participer au nouvel album "Nha Sentimento" de Césaria Evora, sorti le 26 octobre 2009 chez Sony,
– En préparation, à paraître en janvier 2010 : un enregistrement avec la grande chanteuse algérienne Hasna el Becharia, la « diva du désert ». (Sony)
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