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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

Le théâtre : un lieu qui permet de déchiffrer le monde

Le théâtre : un lieu qui permet de déchiffrer le monde - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

Porteur éclairé de la langue et amoureux des textes, André Marcon a fait ses
premiers pas de comédien à Saint-Etienne, auprès de Jean Dasté. Il évoque
l’enseignement de ce grand précurseur de la décentralisation et s’interroge sur
les facultés qui lui semblent fondamentales pour devenir acteur.


Quels souvenirs conservez-vous de vos débuts avec Jean Dasté ?

André Marcon : C’était le patron suprême, un homme très impressionnant, à
la fois charmeur et tyrannique, d’une très haute exigence morale et artistique.
Quand j’ai vu pour la première fois l’un de ses spectacles, je me suis
immédiatement dit que c’était là que je voulais être, avec tous ces comédiens
qui étaient pour moi comme des demi-dieux. Ils jouaient des ?uvres très
importantes, sur les places publiques, devant des assemblées populaires qui,
souvent, découvraient grâce à eux le théâtre. J’avais dix-neuf ans et j’ai
réussi à entrer dans l’école de Dasté. Au bout d’un an, j’ai eu la chance énorme
qu’il m’engage dans sa troupe.

Que vous a-t-il enseigné d’essentiel sur le théâtre et le métier de comédien
?

A. M. : Je crois qu’il m’a avant tout appris à puiser dans l’?uvre, à
trouver dans le texte les réponses aux questions que tout acteur se pose. Dasté
plaçait l’?uvre au centre de tout, il veillait toujours à mettre les textes en
avant. C’est lui qui m’a ouvert à la littérature, qui m’a fait découvrir les
auteurs. Et puis, il m’a aussi amené à envisager le théâtre comme un lieu
d’importance pour l’homme, un lieu qui permet de déchiffrer le monde. Car
finalement, les poètes posent tous la même question : qu’est-ce que tout cela
veut dire ? Et ce qui pousse chacun d’entre nous vers le théâtre ? auteurs,
metteurs en scènes, comédiens, spectateurs ? c’est sans doute l’envie de
répondre à cela.

« Le comédien est comme un chasseur à l’affût dans une sorte de patience
active qui, après une période de recherche plus au moins longue, voit apparaître
le chemin à emprunter. »

Selon vous, quelles aptitudes la formation à l’art de l’acteur doit-elle
veiller à approfondir ?

A. M. : Probablement la patience et la curiosité. Car pour moi, le
comédien est comme un chasseur à l’affût dans une sorte de patience active qui,
après une période de recherche plus au moins longue, voit apparaître le chemin à
emprunter. Une porte s’ouvre. On a frappé longtemps et elle finit enfin par
s’ouvrir. Comme le pensait Diderot, un rôle c’est un problème à résoudre. Dans
tout rôle, il y a un piège, quelque chose qui menace l’interprétation. Si les
cours de théâtre sont censés apprendre à jouer, il faudrait qu’ils apprennent
également à déjouer ces sortes d’embûches qui se cachent derrière les
personnages. Mais la formation est évidemment une notion qui s’envisage tout au
long d’un parcours d’acteur, à travers chaque collaboration, chaque ?uvre, pas
seulement durant les quelques années que l’on peut passer à l’intérieur d’une
école. On apprend sans cesse, tous les jours. Une vie de comédien, c’est une vie
de rencontres, de maturations, d’inspirations humaines et artistiques. Quand on
travaille un rôle, on se nourrit de tout ce qui nous entoure, des autres arts
comme du quotidien. Tout fait ventre.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

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