Le JTN, un dispositif d’insertion professionnelle.

Publié le 10 mars 2011

Marc Sussi est aujourd’hui le directeur du Jeune Théâtre National, créé en
1972 à l’initiative du directeur du Conservatoire de l’époque, Pierre-Aimé
Touchard, au moment de la rupture entre le Conservatoire et la Comédie-Française
qui recevait les lauréats du concours de sortie. Les événements de 68 ayant mis
fin à ce système, le dispositif d’insertion du JTN a été mis en place.

Neuf écoles sont actuellement signataires de la plate-forme de l’enseignement
supérieur.

Marc Sussi : Cette plate-forme s’est mise en place parce que l’ensemble
de ces écoles souhaitait qu’à la fin du cursus de formation il y ait un diplôme
qui soit reconnu à l’Université. Ces écoles bénéficient ainsi d’un financement
par les Régions. Aujourd’hui, le JTN s’occupe particulièrement de deux de ces
neuf écoles, celle du Théâtre National de Strasbourg et celle du Conservatoire
de Paris (le CNSAD).

Quelle est l’adéquation de ces jeunes acteurs avec la profession ?

M. S. : On s’est employé à mener une enquête assez poussée sur dix
années. 80% des acteurs restent dans le métier dix ans après la sortie de
l’école. Des acteurs qui travaillent majoritairement dans le théâtre, ce qui
contredit l’idée reçue que ces écoles ne formeraient que des chômeurs. Les sept
autres écoles ont chacune mis en place un système d’insertion professionnelle,
sur le modèle du JTN comme à l’ERAC de Cannes ou à l’ENSATT de Lyon, ou sous
forme d’aide à la production quand des acteurs sont engagés, pour les écoles de
Saint-Étienne ou de Montpellier.

« Avec le JTN, 80% des acteurs honorent au moins un contrat en deux ans et
demi. »

Comment fonctionne techniquement le JTN ?

M. S. : Financièrement, nous sommes aidés par l’État. L’ensemble des
artistes issus des écoles du TNS et du CNSAD sont d’office au JTN pour trois
ans. Les acteurs bénéficient de rencontres avec les metteurs en scène que nous
organisons, des rencontres dont ils sont systématiquement informés. Libres à eux
de venir ou pas, s’ils sont disponibles aux dates de répétition et
d’exploitation du spectacle. Le metteur en scène ? issu plutôt de compagnies
indépendantes que de la direction de CDN – est tenu de rencontrer les acteurs
disponibles. Il n?y a pas de casting sur photo. Quand le metteur en scène, à
l’intérieur d’un projet artistique de qualité, découvre l’acteur qu’il recherche
pour la pertinence du rôle, le JTN prend en charge une partie du salaire de
l’acteur. Avec le JTN, 80% des acteurs honorent au moins un contrat en deux ans
et demi.

Vous avez également mission de fédérer l’ensemble des neuf écoles signataires
de la plate-forme.

M. S. : Nous organisons pour la troisième année en juin, en collaboration
avec l’Odéon, des rencontres aux Ateliers Berthier. À la sortie des écoles, des
bandes d’acteurs se forment, et les manifestations Berthier ? avec un système de
maquettes – permettent de montrer à la profession le fruit de leur travail. Un
moment fort, l’occasion d’observer où ces jeunes générations en sont, dans quel
répertoire ils s’inscrivent, ce qui les intéresse ou pas. C’est un vivier ardent
pour la visibilité des acteurs qui exigent de rester en relation avec la
profession afin de se faire reconnaître.

Propos recueillis par Véronique Hotte

Les neuf écoles signataires de la plate-forme de l’enseignement supérieur :

– Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD) à Paris.

– Le Conservatoire National de Région de Bordeaux.

– L’École Supérieure d’Art Dramatique du Conservatoire de Montpellier.

– L’École de la Comédie de Saint-Étienne

– L’École Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC)

– L’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) À
Lyon.

– L’École du Théâtre National de Bretagne

– L’École Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg.

– L’École Supérieure Professionnelle d’Art Dramatique du Théâtre du Nord de
Lille.(ESPAD)